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Peut-on se contenter de la vérité?


Joléléphant

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Bonjour! Je n'arrête pas de repousser le travail sur ce sujet de dissertation de philo parce qu'il me donne du fil à retordre.

"Peut-on se contenter de la vérité?"

J'ai des idées, mais celles ci me semblent désorganisées; je voudrais aborder les notion d'éthique, de doute, d'irrationnel et "d'opinion droite", ainsi que l'art, peut être... Mais tout reste très flou et je n'arrive pas à créer un squelette de dissertation solide.

C'est pourquoi je viens demander de l'aide, merci d'avance!!

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  • E-Bahut

Es-tu en Tle? Ce sujet est étrange, on ne donne généralement pas de sujet à un seul terme au lycée.

Et bien c'est parti: "Peut-on se contenter de la vérité?"

Je vais commencer par analyser les termes: "peut-on", c'est le verbe pouvoir qui est utilisé, pas le verbe "devoir", c'est donc une question qui porte sur un jugement de fait, et pas sur un jugement de droit. Les exemples sur l'éthique, la morale et la loi sont donc hors-sujets, ou ils doivent servir de contre-exemples pour montrer un écueil du raisonnement.

"se contenter", c'est-à-dire être heureux avec. C'est le deuxième terme caché de la question: le bonheur. Ce sujet, sans en avoir l'air a priori, te demande de parler du bonheur, et si ta problématique fait intervenir le terme "heureux", ce ne sera pas hors-sujet.

"la vérité" est une notion qui confine à la métaphysique. La vérité, c'est autre chose que les faits (lorsque les policiers disent qu'il veut connaître "la vérité", c'est un abus de langage: il veut savoir ce qui s'est passé, et c'est leur travail de mettre en lumière les faits, le but d'une enquête est de réunir les faits minutieusement sans prétendre toucher à une vérité). La vérité, en sciences, est un sujet complexe: c'est la théorie derrière les faits, la loi éternelle et absolue de la nature qu'on arrive à exprimer à force d'observations et de raisonnements. La vérité en science, c'est le théorème derrière la figure inexacte. On devrait parler de philosophie des sciences à un moment ou un autre. Mais la vérité, entendue au sens de faits, on ne s'en contente pas: on passe notre temps à broder, à rêver et réinventer sa vie, à se justifier (tu peux convoquer mille exemples littéraires sur la mauvaise foi).

 

Ensuite, on va chercher la tension, le problème contenu dans ce sujet: "peut-on se contenter de la vérité?"

D'une part, on peut constater qu'en pratique, les faits ne nous suffisent pas. Nous sommes dans une recherche d'un ailleurs. Sur les énigmes de la science, on invente des mythes (avant de comprendre la tectonique des plaques, les gens ne se contentaient pas de dire "on ne comprend pas encore" devant les séismes et les éruptions volcaniques, ils inventaient des histoires où Poséidon faisait trembler la terre et Héphaïstos faisait rugir sa forge). Ensuite, dans notre vie courante, nous réinventons le sens des événements, on interprète, on exagère nos mérites et on diminue nos échecs: c'est une manière de supporter la réalité. Peu de gens ont une approche factuelle de leur existence, au contraire: derrière les faits ils s'inventent volontiers des signes, des gloires et des destins. (Parenthèse longue: Il n'y a pas que les illuminés comme Christine Kelly qui s'imaginent être l'instrument d'une volonté divine: tous les crétins du monde sont persuadés que leur existence est tissée dans la trame mystique d'une vérité plus grande, c'est l'égo irrationnel qui nous fait croire à des destins, des vies antérieures, des missions divines, des signes d'une prédestination. La manifestation la plus stupide et la plus ouvertement égocentrique de ce nombrilisme, c'est l'astrologie moderne: lorsque les imbéciles se persuadent que leur destin est littéralement écrit dans le mouvement des astres, comme si l'univers tournait autour d'eux. Ils ne se rendent pas compte que l'univers semblent tourner autour d'eux du simple fait qu'ils sont prisonniers de leur point de vue singulier, de leur référentiel, cela ne les empêche pas de négliger ou sous-estimer la complexité du réel qu'ils ne comprennent pas).

Ensuite, on devrait se contenter de la vérité. C'est tout ce que cherchent les juges. On pourrait même dire qu'on est parfois malheureux justement parce que la vérité nous échappe: c'est le travail des scientifiques de rechercher les lois régulières d'une nature complexe et incomprise, eux ne se contentent pas des approximations et des explications courantes justement parce qu'ils cherchent la vérité. Les croyants, eux, on un rapport paradoxal à la vérité: pour beaucoup de religions elle est à la fois intangible (nul ne comprend vraiment la nature et la volonté divine) et révélée (les commandements des textes et des prophètes sont là, il suffit de les appliquer sans comprendre pour que l'autorité religieuse considère que vous êtes dans le vrai).

Le problème est donc: "peut-on être heureux de la vérité alors que la vérité se dérobe sans arrêt à notre compréhension?"

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Merci beaucoup d'avoir éclairé le sujet!! La notion de bonheur paraît maintenant évidente à traiter, ce qui m'avait échappé (ou du moins, je l'avais fait passer au second plan).

Oui, je suis en terminale et je pense que ma prof essaye de trouver des sujets assez atypiques qu'on ne trouve pas facilement sur internet, ce qui est normal vu le nombre de plagiats qui passent inaperçus aujourd'hui.

Encore merci, bonne journée!

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  • E-Bahut
Il y a 11 heures, Joléléphant a dit :

Merci beaucoup d'avoir éclairé le sujet!! La notion de bonheur paraît maintenant évidente à traiter, ce qui m'avait échappé (ou du moins, je l'avais fait passer au second plan).

Oui, je suis en terminale et je pense que ma prof essaye de trouver des sujets assez atypiques qu'on ne trouve pas facilement sur internet, ce qui est normal vu le nombre de plagiats qui passent inaperçus aujourd'hui.

Encore merci, bonne journée!

J'ai vérifié dans la base de données BDBac (la base numérique qui recense les sujets donnés au bac de philo depuis 1996, et publiée gratuitement par des collègues de l'académie d'Aix-Marseilles: je ne peux que les féliciter pour le boulot): le seul autre sujet commençant par "Peut-on se contenter..." était le sujet de remplacement pour la Polynésie, destiné à l'épreuve du bac Economique et Social en 2015: "Peut-on se contenter d'une liberté intérieure?", qui est lui aussi bien étrange... Et ton sujet n'a aucun retour trouvable facilement sur Google, donc je pense que tu as raison: ta prof écris ses sujets elle-même.

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