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Corrigé dissertation: La religion et la raison


DJhuff

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Bonsoir, j'ai réalisé un plan de dissertation à partir du sujet suivant: "La religion est-elle contraire à la raison ?"

"

La religion est-elle contraire à la raison ?
Amorce: Les Davidiens étaient un groupe religieux résidant à Waco, aux Etats-Unis. Lors du siège de Waco, 80 membres des Davidiens se sont suicidés collectivement en suivant les ordres de David Koresh, leur chef religieux, qui prêchait la délivrance. Il s'agit de l'un des épisodes les plus marquants de l'histoire contemporaine des Etats-Unis, dans lequel la religion s'oppose ici totalement à toute forme de raison.
Problématique: La religion peut-elle tolérer l'usage de la raison ?
En premier lieu, nous nous demanderons si la religion peut permettre l'usage de la raison. En second lieu, nous nous questionnerons sur les incompatibilités entre ces deux notions. Enfin, nous nous interrogerons sur le véritable apport de la religion.

En quoi la religion permettrait d'exercer sa raison ?
+Les liens entre les vérités issues de la foi et celles formulées par la raison ne doivent pas nécessairement être pensés en termes d'exclusion. Il est en effet possible de penser que la religion et la raison constituent deux façons différentes d'exprimer la vérité, sans qu'il y ait nécessairement à choisir entre l'une ou l'autre. Les vérités de la religion et les vérités de la raison seraient les mêmes, simplement exprimées sous des formes différentes.
Par exemple, on peut penser que la parabole du Bon Samaritain dans la Bible (qui illustre le devoir d'être bon envers son prochain) est l'expression métaphorique de l'impératif catégorique théorisé par Emmanuel Kant: "Agis de façon telle que tu traites l'humanité, aussi bien dans ta personne que dans toute autre, toujours en même temps comme fin, et jamais simplement comme moyen".
+Pour Averroès, la vraie religiosité implique l'usage de la raison: le philosophe est celui qui voit les vérités sans voile, et leur connaissance est le culte qu'il rend à Dieu. Au siècle des Lumières, la raison va tenter de rendre la religion plus rationnelle. En effet, à un moment où la raison tente d'affirmer son autonomie par rapport à la religion, de nombreux philosophes sont amenés à critiquer l'absurdité de certains dogmes et à vivement condamner l'intolérance et l'oppression dont est responsable une certaine forme de religion. Sans être pour autant athées, les philosophes préconisaient le retour à une religion naturelle débarrassée de certains rites inutiles et de certaines croyances qu'ils jugeaient absurdes. Il s'agit donc d'une forme de déisme. Le déisme est une doctrine selon laquelle la raison peut permettre d'accéder à la connaissance de l'existence de Dieu, sans accepter une religion particulière.
Par exemple, L'Encyclopédie, écrite par plusieurs philosophes des Lumières et dirigée par Diderot, présente des critiques massives de la religion.
+La religion offre un cadre de vie stable dans lequel il est possible d'exercer sa raison. En effet, d'un point de vue moral, la raison est synonyme de raisonnable. Un humain est raisonnable quand il sait soumettre à la raison l'ensemble de ses autres facultés. La religion prône également la tolérance, les bonnes actions, l'expiation des péchés en cas de fautes, le respect des bonnes moeurs.
Par exemple, le mariage est une cérémonie religieuse qui lie un homme et une femme. Un "mariage de raison" est un mariage où l'intérêt, les considérations matérielles et sociales priment sur le sentiment. La religion peut donc permettre d'exercer sa raison.
Transition: La religion semble donc compatible à l'usage de la raison dans une certaine mesure. On peut considérer que la religion et la raison donnent des vérités similaires, mais énoncées différemment. On peut aussi penser que la raison permet de rendre la religion plus rationnelle. C'est ce que les philosophes des Lumières se sont efforcés de faire.
En quoi la religion serait antagoniste à la raison ?
+La foi traduit la confiance en Dieu, l'obéissance de celui qui croit en une force supérieure, même s'il ne comprend pas tout. La raison repose sur des preuves, sur la justification, elle ne repose pas sur une croyance. Ces deux définitions semblent donc ici s'opposer formellement.
Par exemple, dans la Bible, Abraham obéit lorsque Dieu lui demande de sacrifier Isaac, son fils unique, même s'il ne sait pas quelle sera l'utilité de son acte. Ici, la foi s'oppose de façon radicale à la raison, qui exige preuve et justification.
+La religion peut permettre d'empêcher l'usage de la raison. Toutes les religions impliquent de respecter un ensemble de règles parfois strictes. La religion a servi à de nombreuses reprises au contrôle des populations. L'ensemble des sectes repose sur des processus lents d'asservissement qui vise à empêcher le croyant de faire usage de sa raison. La remise en question de ces règles est interdite, est réprimandée par les paroisses.
Par exemple, au Moyen-Âge, dans le Christianisme, le prêtre doit réciter des prières en latin qu'il ne comprend pas lors de la messe. L'islam et le judaïsme prêchent toutes deux la circoncision, ablation du prépuce des hommes de leur communauté. Des rituels sur lesquels aucun motif ne sont fournis, mais que les croyants doivent se contenter de suivre avec foi.
+Il existe une raison animale, la raison humaine n'est pas seule, et n'est pas non plus toute puissante, car l'humain peut sombrer dans la folie. La religion permet à l'homme de trouver un refuge, mais aussi de se satisfaire, de se penser l'être supérieur. 
Par exemple, le Christianisme affirme que la Terre a été créée par un être à l'apparence humaine, que cette planète se situe au centre de l'Univers, mais également que l'Homme est la première création de Dieu. Ici, on voit bien que la religion permet à l'être humain de flatter son ego. De même, lorsqu'un être humain sombre dans la folie, on dit qu'un démon s'est emparé de lui, qu'il faut l'exorciser. Ici, on voit bien que la religion donne des réponses toutes faites et satisfaisantes à l'homme qui n'a alors plus qu'à les suivre, laissant sa raison de côté.
Transition: La religion semble donc en opposition à la raison. Après tout, l'étymologie de la religion est "religare", qui signifie "faire confiance". L'étymologie de la raison est "rationem", qui signifie "faculté de raisonner". L'étymologie même de ces mots est en contradiction. De plus, la religion a souvent pour vocation d'endoctriner, de donner des réponses toutes faites, lorsque la raison vise la réflexion, la recherche de vérités. 
Quel est le véritable apport de la religion ?
+Comme le souligne Durkheim dans Les Formes élémentaires de la vie religieuse, la religion est essentiellement une forme de lien social. Elle permet de lier les hommes entre eux à l'intérieur d'une société donnée et ordonnée.
Par exemple, de nombreuses personnes deviennent pratiquants religieux afin de trouver une communauté qui les accepte, car l'être humain est un être social, comme le disait Aristote, et recherche naturellement la compagnie de ses semblables. Se faisant, ces personnes sacrifient une partie de leur raison, au profit d'autre chose, d'une communauté.
+La religion peut constituer une réponse à la dureté des conditions d'existence. C'est ce que veut dire Karl Max, lorsqu'il énonce que la religion est "l'opium du peuple". En effet, la religion naît dans un contexte de misère matérielle, d'incapacité à maîtriser les conditions d'existence. La religion se révèle être surtout, selon Marx, l'instrument utilisé par la classe dominante pour "endormir" les prolétaires en leur faisant croire à l'avènement d'un monde meilleur, dans un au-delà imaginaire.
Par exemple, la religion indienne défend l'idée que souffrir dans la vie présente offrira de meilleures conditions d'existences lors d'une résurrection. Elle promet en somme un avenir meilleur dans une autre vie, expliquant ainsi les misères et les souffrances vécues, les légitimant même. La raison est alors mise de côté au profit d'une croyance en une vie meilleure. On ne cherche plus à éviter les souffrances, on les accepte.
+La religion est universelle, dans le sens où elle existe chez toutes les populations humaines. Même les Hommes de Néanderthal pratiquaient des rituels. Selon Freud, la religion répond à un besoin psychologique de l'homme face à sa finitude, c'est-à-dire sa conscience d'être mortel. Elle permet de donner du sens à la mort.
Par exemple, le Christianisme répond à l'angoisse de la mort par la promesse du Paradis. Le Bouddhisme promet une nouvelle vie après la mort sous une autre forme. La religion offre donc des réponses aux angoisses de l'homme, qui se contente de les accepter pour ne pas avoir à craindre sa mort.

Conclusion: Nous avons vu que la religion pouvait permettre d'exercer sa raison dans une certaine mesure, mais que les définitions même de ces deux notions étaient antagonistes. Enfin, nous avons déterminé que le véritable apport de la religion est de répondre aux questions existentielles que se posent les hommes, d'apporter des vérités toutes faites qui s'opposent à la raison.
En conclusion, la religion ne peut pas tolérer l'usage de la raison, ces deux notions étant antagonistes jusque dans leur étymologie.
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Mon amorce est-elle réussie ?
De même que mes transitions ?
Suis-je hors sujet ? Ai-je bien opposé les deux notions en jeu ?
Mes exemples manquent-ils de pertinence ?

Je vous prie également de me donner une note en considérant ce plan comme une dissertation complète ainsi qu'un sujet du Bac, et en ajoutant des commentaires constructifs qui visent à augmenter cette note.

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  • E-Bahut

J'ai un problème dès le début.

Ton accroche est très forte, mais surtout très orientée. Dans le débat "religion et rationalité", tu commences tout de suite par "secte et suicide collectif"... Bon. Je pense que tu n'as pas pris beaucoup de recul sur le sujet. On va en parler quelques secondes.

Le but est de disserter sur la contradiction possible entre religion et rationalité. Religion au sens large: avec sa partie intellectuelle, la foi, le dogmatisme, le fanatisme, mais aussi simplement le fait social religieux de se réunir pour un culte (les messes des catholiques, les offices des protestants, les prières bouddhistes, les enterrements juifs, les mariages... on n'est pas obligé de dégainer les suicides collectifs et les attentats-suicides de djihadistes tout de suite, il y a d'autres trucs dans la religion).

La religion n'est pas qu'un système de croyances qui peut rentrer en contradiction, ou non, avec la raison et ses recherches. La religion, pour faire court, peut se ramener à au moins trois composantes:

1) la foi, un élément déjà introduit par le judaïsme, mais rendu encore plus important par le christianisme, qui en fait l'élément central. C'est l'aspect strictement intérieur de la religion, qui demande d'accepter l'existence d'une divinité. Dans le christianisme médiéval, la confession se décline en trois parties: confession fidei (confesison de sa foi, ce qu'on appelle aujourd'hui profession de foi), confessio laudati (profession des louanges à dieu, une prière rituelle) et confessio peccati (confession des péchés) étant la dernière, alors que c'est ce qu'on retient aujourd'hui. La plus importante était la confessio fidei, puisqu'elle affirme notre croyance intime.

2) les mythes, le système de croyances sur a) l'origine du monde (une cosmogonie qui s'appuie souvent sur les connaissances astronomiques du peuple qui a inventé cette religion), sur b) l'origine de l'humanité (mythe des origines, qui peut prendre de nombreuses formes), et c) le sens de la mort (l'après-vie, enfer, réincarnation, âme immortelle ou pas, c'est là que les religions ont besoin de philosophes pour leur inventer une ontologie), des questions auxquelles toutes les religions prétendent répondre.

EXEMPLE: Dans la mythologie biblique, la cosmogonie est celle de la création du monde en six jours ("que la lumière soit"), le mythe des origines est celui d'Adam et Eve expulsés du jardin d'Eden, et le sens de la mort fait appel au mythe d'une âme immortelle amenée à rejoindre dieu. Le christianisme reprend ces éléments, il partage la même cosmogonie et le même mythe des origines, mais il change un peu le sens de la mort, puisqu'on va rejoindre le "royaume de dieu" avec une âme qui reprend la forme du corps dans l'au-delà. Chez les musulmans, le mythe de l'après-vie est encore plus précis, puisque certains pensent que non seulement le corps revient dans l'au-delà, mais c'est un corps de lumière à sept points lumineux (les sept points de contact avec le sol pendant la prière) qui prend l'apparence de 33 ans ('âge de Jésus, qui est un prophète pour les musulmans aussi). Selon la religion, l'époque et le contexte social, le statut de ces mythes évolue beaucoup. Dans la Grèce classique on pouvait douter des mythes, du moment qu'on assistait aux événements religieux. Les dialogues de Platon nous montrent clairement qu'on peut même inventer des mythes pour les rajouter au corpus (on pourrait inventer une nouvelle religion, plus originale et intéressante que le christianisme, juste en lisant Phèdre, et si Platon n'a pas forcément proposé une nouvelle religion, d'autres philosophes grecs ont carrément monté des sectes avec un système de croyances complexe, comme Pythagore). A d'autres époques moins ouvertes au débat intellectuel, les mythes deviennent dogmatiques et on ne doit pas les remettre en question sous peine d'hérésie (ce qui pose tout un tas de problèmes: comment sauver les mythes malgré les découvertes scientifiques? Les fondamentalistes en sont réduits à débiter des âneries pour sauver leur pauvre interprétation littérale, comme affirmer que la Terre est plate et que dieu a créé le monde en six mille ans, ce genre d'absurdité). Tout ça, c'est bien beau, mais évidemment ça n'a aucune autre légitimité que la foi. Il n'y a aucune preuve, et souvent aucun sens rationnel à ces mythes. Aucun d'entre eux n'a donc de légitimité particulière du point de vue des rationalistes. La Bible dit que Yavhe a créé Adam et Eve, mais les Esquimaux ont apparemment un mythe des origines totémiste, prétendant qu'on descend des écureuils. Et pour les adeptes des mythes méso-américains (de Teotihuacan): il y a eu quatre ères, avec quatre soleils ratés qui ont détruit le monde et les premiers humains sur Terre, avant qu'arrive le cinquième soleil, issu du sacrifice d'un dieu humble, puis le Serpent à Plumes (Quetzalcoatl) est descendu au monde souterrain des morts (le Mitclan) pour récupérer les os des premiers humains, et il les a imprégnés de son sang et de poussière pour les ramener à la vie et créer l'humanité actuelle. Les Aztèques ont un mythe similaire, mais quand même assez différend: leur religion appartient à la même civilisation, mais c'est une autre culture. Et tu peux aller en chercher partout: toutes les religions du monde te proposeront des mythes différents, je t'invite à te documenter sur la cosmogonie des Hindous, des Egyptiens, des Grecs, des Sumériens, des Japonais... C'est passionnant. L'important est de retenir que pour les rationalistes, ils sont tous également intéressants d'un point de vue anthropologique, et factuellement erronés d'un point de vue astrophysique, géologique et biologique.

3) Le culte, un fait social qui réunit des gens autour de célébrations pour rythmer la vie sociale: baptêmes, mariages et enterrements dans beaucoup de religions. Mais aussi de nombreuses fêtes qui rythment tellement le calendrier qu'elles ont pris plus d'importance que les événements astronomiques qui créent le passage des saisons, comme les solstices et les équinoxes qui étaient probablement des fêtes religieuses importantes au néolithique (c'est en tout cas ce que suggèrent les mégalithes de l'époque, qui sont orientés pour recevoir la lumière des solstices sans qu'on sache exactement pourquoi, Stonehenge parmi d'autres). Dans notre modernité, la foi a pris de plus en plus d'importance en tant qu'acte individuel, la foi est devenue personnelle. Mais ça n'aurait probablement aucun sens pour nos ancêtres de l'Antiquité, qui ne comprendraient même pas de quoi on parle et se contenteraient de dire: "mais du coup, le sacrifice à Poséidon qu'on fera au port, tu y va ou pas? Il y aura Socrate et Calliclès, on dit une prière et après on va manger le boeuf sacrifié en grillades."

 

 

Ceci étant dit, je te propose de voir ta problématique: "la religion peut-elle tolérer l'usage de la raison?" ne résout pas la contradiction. Elle renvoie la question à du factuel: "est-ce que ça peut exister?", et comme toutes les problématiques de ce genre elle a deux défauts: 1) la réponse est "oui, ça peut exister, ça a déjà existé quelque part" qui coupe court à la discussion, et beaucoup plus grave, 2) ce n'est plus une question pour le philosophe. C'est une question pour les historiens, au mieux les historiens des idées, qui pourront citer toutes les sources qu'ils veulent pour nous montrer documents à l'appui que oui, la religion a déjà fait ça à une certaine époque (et c'est très bien, mais ça n'était pas exactement la question, tu as réduit le problème à ses occurrences historiques).

La question philosophique est: y a-t-il une contradiction formelle entre raison et religion, et si oui comment peut-on la résoudre?

Donc une partie de ton boulot est d'argumenter pour ou contre cette contradiction, de la critiquer (en philosophie, critiquer est un art noble, c'est l'essence de notre boulot, la critique est proprement philosophique! Quand mes amis disent que je critique tout, eux pensent me faire un reproche parce que je suis un peu chiant, mais je leur réponds "merci, c'est mon travail de philosophe et j'aime le faire." fin de la parenthèse).

Alors, d'après toi, est-ce que la raison et la religion s'opposent? Si oui: comment? De quelle nature est cette opposition: contrariété (qui peut s'accommoder de la présence de son opposé, comme le sucré-salé, l'eau et l'huile, l'être et le néant, la lumière et la simple pénombre) ou contradictoire (qui détruit son opposé par sa simple présence, comme l'être et le non-être, l'obscurité totale et la lumière, le vrai et le faux, le bien et le mal, la dignité et Manuel Valls?)

EXEMPLE: Dans la religion, on l'a dit, il y a une cosmogonie (du grec kosmos, univres, et gêne, le commencement, la création, le point de départ du lignage, qui donne aussi le mot "génétique") Et chez les rationalistes? Les astrophysiciens, qui bossent dur sur les débuts de l'univers (ou en tout cas les moments les plus anciens qu'on puisse en percevoir), parlent de cosmologie (discours sur le cosmos). Mais puisqu'on a vu que toutes les cosmogonies religieuses sont contradictoires, qu'elles ont des récits variés, est-ce que la cosmologie ne serait pas un discours de plus? Une sorte de mythe des origines de l'univers pour scientifique? Et bien non: les astrophysiciens fonctionnent peu à la croyance et beaucoup plus aux observations. Leur cosmologie prétend que l'univers a eu des débuts chauds et très réduits, avant de commencer une expansion brutale il y a plus de 13,4 milliards d'années (ce que les journalistes scientifiques des années 1950 ont résumé par la formule accrocheuse et mensongère "big bang"). Une expansion qui se poursuit aujourd'hui. Mais cette cosmologie s'appuie sur des découvertes et des observations (le fond diffus cosmologique, par exemple, ou les applications de la thermodynamique à l'extrêmement lointain). Cela forme une théorie scientifique cohérente, qui explique les observations actuelles. Autrement dit: quelle que soit la cosmogonie religieuse qu'on ait appris dans son enfance, la cosmologie reste la meilleure explication pour qui a jamais mis l'oeil dans un télescope. Elle ne demande aucun acte de foi, et elle n'est pas dogmatique: elle est solide, mais pourrait être remise en question n'importe quand dans l'avenir, à la faveur d'une nouvelle découverte, et celui ou celle qui arrivera à révolutionner la cosmologie avec une observation inédite ne sera pas condamné à mort pour hérésie, il ou elle publiera son article dans Nature , des astrophysiciens du monde entier essaieront de reproduire ses observations, une nouvelle génération d'astrophysiciens fera de sa découverte le point de départ de leur thèse et il ou elle finira probablement par décrocher un prix Nobel. Donc on peut le dire: cosmologie et cosmogonie ne sont pas égales, elles ne fonctionnent pas de la même façon ni selon la même logique, elles ne font pas appel aux mêmes facultés mentales. Là où toutes les cosmogonies du monde sont des récits, des narrations inventives et magnifiques, elles ont plus de rapport avec la poésie antique qu'avec n'importe quelle observation du monde. Tandis que la cosmologie est une science, c'est-à-dire une activité qui demande d'observer le monde en écartant ses croyances avant de former une explication rationnelle.

Modifié par Calliclès
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Bonjour, Calliclès. Votre réponse est instructive, mais mon cours sur la religion est loin d'être aussi complet. Il est au niveau requis pour la terminale, et ne fait jamais mention de cosmogonie et cosmologie.
Quant à mon amorce, si il est une chose que j'ai compris, c'est qu'elle nécessitait un exemple précis. J'ai donc invoqué un exemple très précis, le suicide collectif sectaire de Waco, qui oppose religion et raison, comme le veut mon sujet. En quoi cet exemple ne convient pas à mon amorce ? Car j'ai compris que la religion avait trois composantes, mais je suis forcé de sélectionner un exemple précis. Ce qui vous dérange ici, est-ce le fait que cet exemple est si extrême ?

Concernant ma problématique, vous avez écrit en réponse:

"La question philosophique est: y a-t-il une contradiction formelle entre raison et religion, et si oui comment peut-on la résoudre ?"

Pourquoi dois-je résoudre la contradiction entre raison et religion ? Je pensais à la troisième partie pouvoir me positionner sur l'une des deux notions, et l'opposait de manière définitive à la seconde notion. C'est tout du moins ce qu'il me semblait avoir fait sur mon plan de dissertation du sujet: "Qu'est-ce qui distingue l'oeuvre d'art d'un objet quelconque ?", où, à la troisième partie, j'ai donné le véritable but de l'art, sans chercher à résoudre l'opposition entre l'art et la technique.
Ceci dit, j'ai, au cours de la première partie, donné mes arguments où raison et religion coexistaient. Est-ce ce que vous entendez par résoudre la contradiction ?

Enfin, est-ce que cette problématique-ci vous convient davantage:

"La religion et la raison sont-elles deux notions strictement antonymes, ou bien peuvent-elles coexister sous une certaine forme ?"

Si vous la considérez valide, il me semble que le plan entier de ma dissertation peut accepter cette nouvelle problématique sans en pâtir. 

Pour finir, pouvez-vous me dire si une de mes parties, de mes idées, ou de mes exemples de mon plan de dissertation est hors-sujet ?

Je vous remercie, Calliclès.

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  • E-Bahut

Alors: cette amorce est problématique parce qu'elle est caricaturale, malheureusement. On ne peut pas réduire la religion, qui est une notion très vaste, aux cas spectaculaires de suicides collectifs dans des sectes.

Un meilleur exemple serait: les peines de prison pour athéisme dans les théocraties, la condamnation de Giordano Bruno par l'église catholique pour avoir remis en cause la physique soutenue par le Vatican, ou plus proche de nous le très intéressant "procès du singe" de 1925, dans lequel créationnistes et évolutionnistes s'affrontent en justice pour décider de la légalité ou non d'enseigner la théorie de l'évolution dans les écoles publiques (un procès remporté par les créationnistes, mais un cas médiatique largement en faveur des évolutionnistes, qui ont aujourd'hui largement remporté le débat).

Pour ce qui est de résoudre la contradiction: et bien si tu as tranché en faveur d'un des termes, c'est que la contradiction est résolue par l'élimination d'un opposé. "résoudre la contradiction" ne veut pas forcément dire que tu dois trouver une voie moyenne ou un terrain d'entente entre les deux, mais que tu dois apporter une solution. Si ta solution est "la raison doit l'emporter, tant pis pour l'ego des conservateurs religieux", je ne vois pas le problème du moment que c'est argumenté correctement.

Ta deuxième problématique est parfaite, garde-la.

Tes deux premières parties sont intéressantes. Tu gagnes en finesse et en références! Attention avec Averroès cependant: ce n'est pas un auteur facile, ni un auteur que tu as envie d'assumer jusqu'au bout (d'après Averroès, les juges coraniques ne sont pas capables d'utiliser la raison démonstrative, mais seulement une raison analogique: ils comparent les faits aux lois et aux exemples qu'ils connaissent déjà, ils seraient donc incapables de philosopher pour former de nouvelles lois par eux-mêmes et devraient foutre la paix aux philosophes, qui sont les vrais savants capables d'utiliser toute l'étendue de la raison... Honnêtement, de toute la philosophie médiévale, c'est un des plus beaux "fermez vos gueules et laissez-moi bosser, vous êtes incapables de faire mon boulot de toute façon" qu'un philosophe ait jamais adressé à des fondamentalistes religieux). Mais pour le niveau attendu en Tle, ta compréhension d'Averroès est largement suffisante.

Attention à ta troisième partie: elle répond à une sous-problématique annexe "que peut apporter la religion?" qui devient hors-sujet... Parce qu'il n'est plus question du rapport entre religion et raison, mais plutôt de la religion seule. Et c'est dommage, car je trouve une grande qualité dans l'utilisation de l'exemple de Marx avec "l'opium du peuple", tu as parfaitement compris que Marx ne fait pas allusion seulement au côté addictif de cette drogue, mais à son effet apaisant, qui permet de supporter la douleur de l'existence. Si Marx avait vécu aujourd'hui, il aurait peut-être écrit "la religion est le doliprane codéiné du peuple" ? Donc il y a une finesse intellectuelle qui se développe dans ton utilisation des auteurs, c'est vraiment de mieux en mieux et je trouve que tes progrès sont considérables. Relis une de tes premières dissertations, tu verra le chemin parcouru.

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Bonsoir, Calliclès, je vous ai remis une réponse sur le corrigé du sujet de travail, au cas où vous ne l'auriez remarqué.

Concernant mon amorce, qu'entendez-vous par "caricaturale" ? Après tout, on peut citer de multiples exemples d'attentats pour des causes religieuses, comme celui de Charlie Hebdo, ou de suicides collectifs sectaires, tel que celui du Temple du peuple notamment. Ces exemples font donc partie de l'histoire des religions, ils y sont liés. 

Concernant la troisième partie de mon plan, que vous dites hors-sujet, qu'a-t-elle de hors-sujet ? Après tout, en première partie, j'énonce des possibilités pour faire coexister religion et raison, puis je les oppose totalement, et enfin je donne le véritable apport de la religion. J'oppose à chacune de mes sous-idées 7, 8 et 9 la religion et la raison. J'ai fini par conclure en affirmant ces deux notions antagonistes.

Que me conseillez-vous comme troisième partie ?

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  • E-Bahut
il y a 43 minutes, DJhuff a dit :

Bonsoir, Calliclès, je vous ai remis une réponse sur le corrigé du sujet de travail, au cas où vous ne l'auriez remarqué.

Concernant mon amorce, qu'entendez-vous par "caricaturale" ? Après tout, on peut citer de multiples exemples d'attentats pour des causes religieuses, comme celui de Charlie Hebdo, ou de suicides collectifs sectaires, tel que celui du Temple du peuple notamment. Ces exemples font donc partie de l'histoire des religions, ils y sont liés. 

Concernant la troisième partie de mon plan, que vous dites hors-sujet, qu'a-t-elle de hors-sujet ? Après tout, en première partie, j'énonce des possibilités pour faire coexister religion et raison, puis je les oppose totalement, et enfin je donne le véritable apport de la religion. J'oppose à chacune de mes sous-idées 7, 8 et 9 la religion et la raison. J'ai fini par conclure en affirmant ces deux notions antagonistes.

Que me conseillez-vous comme troisième partie ?

Tu ne vois pas ce qu'il y a de caricatural à prendre comme exemple des suicides collectifs pour parler de religion? Entre la pratique ordinaire des religions et les dérives sectaires, il y a des connections bien sûr: le discours religieux est souvent utilisé par des gourous. Mais c'est un autre rapport social. Puisque le thème est la religion dans son ensemble, ramener ça aux attaques terroristes, c'est très réducteur, et surtout ça nous éloigne du sujet, puisque tu ne vas plus parler de dérive sectaire et de terrorisme dans le reste du texte. Toute ta synthèse porte sur l'aspect social de la religion, du coup je ne comprends pas ce que les suicides collectifs viennent faire en accroche. Ils sont évoqués, puis tu les lâches, ils ne servent à rien. C'est pour cela que je trouve l'exemple caricatural et un peu hors-sujet.

Ta troisième partie ne compare pas du tout raison et religion, contrairement à ce que tu affirmes. J'ai relu les trois sous-parties, et seul l'argument de Durkheim a vaguement un rapport avec la raison. L'argument de Marx sur l'opium du peuple permet d'expliquer le succès social de la religion auprès des pauvres, et l'argument "la religion est universelle" confine au sophisme. Le phénomène religieux est universel, effectivement. Mais chaque religion n'est pas universelle, elle est toujours locale (ce qui pose problème lorsqu'elle prétend être universelle et commence à essayer de tuer les autres religions, comme le catholicisme ou l'islam sunnite: cette logique "ma religion est universelle et pas les autres" amène à des conflits armés). D'autre part, il n'y a pas de comparaison avec la raison qui elle, pour le coup, est vraiment universelle! On n'a pas besoin d'être dans la même culture, de parler la même langue ou d'avoir appris la même cosmogonie pour tomber d'accord sur des conclusions rationnelles. Le théorème de Thalès est formulé en Grèce, très bien, mais il est universellement vrai partout où se pratique la géométrie plane, qu'on soit Grec ou pas, il n'est pas relatif à ta culture.

 

Pour ta troisième partie, si le but est de conclure que les deux sont effectivement radicalement opposés, tu peux prendre des exemples de cette contradiction. La façon dont les découvertes scientifiques ont définitivement invalidé les mythes religieux (depuis Cuvier et Darwin, si on veut continuer de croire en l'interprétation littérale de la Genèse sur l'origine du monde et de l'humanité, il faut le faire contre les faits). Ce qui amène à un de mes arguments préférés de Nietzsche: dieu est mort (Le gai savoir, §125). C'est du langage poétique: dieu ne peut pas vraiment mourir puisqu'il est immortel pour les croyants et inexistant pour les athées. Mais cela veut dire que la science a tué l'utilité de croire en dieu: l'idée de dieu est devenue inutile pour la compréhension du monde (merci Galilée, Cuvier, Darwin et tous les autres: leurs travaux invalident l'hypothèse que les mythes religieux soient vrais). Cela ne signifie pas la mort des religions, bien sûr: si les mythes n'ont pas de réalité, la religion garde sa foi et son culte. Et l'immense majorité des croyants s'accommodent très bien de la mort de dieu: ils considèrent les mythes comme une parabole morale qui n'a pas besoin d'être littéralement vraie pour contenir un enseignement sur le monde (une attitude intellectuelle déjà répandue au Moyen-Âge et qui n'a pas attendu l'athéisme, Averroès critiquait déjà les "littéralistes" au XIIIe siècle dans son Al-Hasif, les traitant comme une quantité négligeable de naïfs auxquels il n'a pas besoin de s'adresser).

Voici quelques indices pour ta synthèse, donc. Je te laisse conclure! Je répondrai sur le travail plus tard, je vais cuisiner un peu ce soir!

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