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Corrigé dissertation: Le travail


DJhuff

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Bonsoir, j'ai réalisé un plan de dissertation à partir du sujet suivant: Que gagnons-nous à travailler ?

"             Que gagnons-nous à travailler ?

Amorce: Durant la première moitié du XIXème siècle, aux Etats-Unis, une part importante de la population est employée de force comme moyens au travail, il s'agit de personnes à la couleur de peau noire déportées depuis l'Afrique. Ils sont forcés au travail, ils n'ont aucun droit, ils sont une propriété. Ils travaillent des années durant dans des champs de cotons à la récolte. Ici, on peut faire le lien entre leurs conditions de vie déplorables et le fait qu'ils soient les travailleurs. Ainsi, le travail semble être une contrainte, au point qu'il serait nécessaire de forcer au travail une part de la population. Ces individus perdraient alors leurs droits. Pourtant, le travail est souvent décrit comme une source de libération.
Problématique: Le travail est-il libérateur ou contraignant ?
En premier lieu, nous nous questionnerons sur le travail considéré éprouvant et ses causes, en second lieu, nous nous demanderons si le travail peut être bénéfique. Enfin, nous tâcherons d'éluder le véritable apport du travail.
      -En quoi le travail peut être une contrainte ?
+Le travail englobe de nombreux sens. On reconnaît ainsi le travail salarial, qui permet une rénumération, le travail ménager, pour entretenir un foyer, l'éducation des enfants, qui est aujourd'hui reconnue en tant que travail difficile, le travail scolaire, afin d'acquérir des connaissances. Bien souvent, le travail est perçu comme difficile. Tout travail nécessite des efforts, et certains impliquent également de nombreux risques, tels que celui de décès, la réduction de l'espérance de vie, des malformations.
Par exemple, les scientifiques travaillant en laboratoire s'expose à des risques de brûlure en cas de contact avec des produits chimiques, ou de contaminations en cas de contact avec des germes pathogènes. Les ouvriers du bâtiments s'exposent à des risques de blessures si ils travaillent sur des hauteurs, voire de décès selon la hauteur en question. Le travail semble donc opposé à toute liberté, il entraîne des risques, il requiert des efforts.
+Durant l'Antiquité a émergé la notion de travail, les premiers travailleurs étaient des esclaves, des prisonniers de guerre forcés au travail dans les cales de navire. Ici, on voit bien que la notion de travail était pure contrainte, et donc réservé à la classe inférieure de la population. L'esclavage a été maintenu des siècles durant, car il permettait de bénéficier d'une main d'oeuvre gratuite. Les esclaves étaient forcés au travail.
Par exemple, ramer sur les galères dans l'Antiquité est un travail extrêmement difficile. La main d'oeuvre employée est alors constamment des hommes condamnées, bien souvent des esclaves. Ils sont forcés au travail, ce qui semble ne leur apporter aucune libération.
+En 1865, l'esclavage fût officiellement aboli, mais la notion de travail a perduré, et s'est ainsi détachée de l'esclavage. Toutefois, le travail implique forcément des efforts. Lorsque le profit est recherché au détriment de l'être humain et de sa personne, le travail peut alors devenir éprouvant, voire aliénant, et déshumaniser l'homme. L'aliénation est une notion inventé par Karl Max pour désigner les dommages mentaux provoqués par un travail éprouvant sur l'homme.
Par exemple, de nombreux cas d'aliénation ont été rattachés au travail dans les chaînes de production. Les ouvriers y répètent inlassablement le même mouvement, tels des machines, jusqu'à perdre la raison. Le travail peut donc être destructeur, et antagoniste à toute forme de libération.
Transition: Le mot travail vient du latin "tripalium", il signifie "contrainte", mais aussi "moyen de torture". Ainsi le travail peut être assimilé à l'esclavage ou toute forme de travail inhumaine qui apporte un gain presque inexistant au travailleur. Pourtant, le travail permet plus que ce qu'il semble à première vue, et peut même être perçu comme bénéfique par le travailleur.
      -En quoi le travail peut être bénéfique ?
+Le travail permet de former l'homme d'un point de vue moral. Emmanuel Kant considère que le travail est un devoir envers soi-même, un devoir qui forme l'homme moralement parlant, et satisfait la conscience morale et la fierté humaine. De plus, selon Freud, le travail peut être considéré comme un bien en lui-même, ce qu'il affirme en disant: "Être normal, c'est aimer et travailler."
Par exemple, un médecin travaillant dans un hôpital fréquente d'autres médecins, les membres du personnel, ainsi que les patients. Il exerce son devoir et peut s'épanouir car il sait que son travail sauve des vies, ce qui est  valorisant, et apporte une forme de libération.
+Le travail forme l'homme à vivre avec les autres. Il lui apprend à vivre avec les autres. Le travail est en effet lié à la diversité des techniques et à la nécessaire coopération sociale. Le travail favorise également la communication, donc le rapport avec les autres. Il fait vraiment de l'être humain un être social. La division du travail est la répartition de l'ensemble des tâches à accomplir dans une société ou un groupe humain, indépendamment du statut social. Le philosophe français Tran Duc Thao voit l'origine du langage dans la communication des premiers hominidés. Le langage est un instrument de la socialisation, comme support du travail lui-même. Il permet à l'homme de maîtriser son environnement et de se former lui-même. Quelle que soit sa pénibilité, il développe la communication. Ceux qui ne travaillent pas peuvent donc se sentir exclus et frustrés de la compagnie de leurs semblables.
Par exemple, un étudiant qui vient de terminer ses études de médecine est employé dans un hôpital. Il y fréquente le personnel et les patients, et apprend des comportements et des valeurs nouveaux pour lui, tels que la patience, l'humour, le leadership.
+Le travail permet l'apprentissage de connaissances. Il s'agit de la dialectique du maître et de l'esclave, tel que théorisé par Hegel dans Phénoménologie de l'esprit. Il y dit que le travail, au départ "subi" par un être dépendant, forme et éduque le travail. Celui-ci acquiert des savoirs et des savoir-faire qui constituent une formation essentielle. Ainsi, le travail, devenu rapidement une dépendance, est aussi, par le progrès technique, la conquête d'une liberté, celle de la connaissance. 
Par exemple, l'esclave prépare la nourriture pour son maître. Il fabrique même, plus tard, les armes au moyens desquelles celui-ci fait la guerre, et ainsi "domine" celui qui le sert et dépend de lui. Par ce moyen, l'esclave devient un artisan, et s'il apprend le maniement des armes, il devient aussi un guerrier.
Transition: Le travail semble donc pouvoir être bénéfique, malgré les efforts imposés par tout travail. Pourtant, il est bien plus souvent contraignant voire destructeur. Un travail peut à la fois même être libérateur et contraignant pour deux individus différents selon leur vécu.
Par exemple, un médecin sauve des patients, ce qui est valorisant, il acquiert des connaissances, il apprend à vivre en société par son travail. Ici son travail est libérateur.
Pourtant, ce travail de médecin est pour un second individu une contrainte, car il impose une lourde charge horaire de travail, ainsi que des risques, tels que celui de maladie.
      -Que nous apporte véritablement le travail ?
+Le travail peut être un moyen pour acquérir la liberté. Le travail a permis à l'être humain de se libérer de la nature, de se sociabiliser et d'emmagasiner des connaissances, donc de se dépasser. Le travail peut être le travail intellectuel, qui permet d'apprendre et de penser par soi-même. Le travail peut également permettre l'indépendance, notamment financière, et empêcher l'exploitation. Enfin, le travail peut permettre de créer des objets qui deviennent des oeuvres, ce qui, pour Hannah Arendt, libère l'homme d'une tâche répétitive et vaine.
Karl Max écrit ainsi: "Le règne de la liberté commence seulement à partir du moment où cesse le travail dicté par la nécessité et les fins extérieures."
Par exemple, il existe également d'autres formes de travail qui permettent de libérer l'être humain. Ainsi, la psychanalyse est un travail sur soi, sur ses rêves et son inconscient pour essayer de se libérer ou de s'approprier ce qui nous échappe et nous entrave parfois. Freud parle également du travail du deuil, c'est-à-dire du travail à faire après la perte d'un être aimé notamment. Ici, le travail est perçu comme libérateur, puisqu'il aide l'être humain à avancer, à accepter, à être aimé.
+Le travail peut être un obstacle à la liberté humaine, car il est souvent associé à quelque chose de difficile. La Bible fait du travail la conséquence du péché. En effet, Dieu punit Adam et Eve en associant le travail à la douleur et l'effort: "tu travailleras à la sueur de ton front". Le travail serait alors une punition. Par ailleurs, l'idée que le travail rend libre a été exploitée au XXème siècle par des idéologies comme le nazisme ou le stalinisme, alors que c'est l'asservissement voire la destruction des hommes qui a effectivement été mis en place.
Par exemple, le stalinisme a fait l'apologie de l'effort de travail extrême, immortalisé par le mineur Stakhanov sous le nom de "stakhanovisme".
+Le travail est un moteur de l'évolution de nos sociétés. Lorsque le travail devient trop contraignant pour une partie de la population, il est à l'origine de protestations qui peuvent entraîner de profondes modifications, voire des révolutions. C'est ce que théorise Karl Max et nomme "la révolution des classes". Selon lui, la classe prolétaire se révolte contre la classe dominante pour une meilleure répartition des moyens de production. De nombreuses lois encadrent les conditions de travail, tels que le salaire minimum ou le nombre d'heures par semaine, ce sont les lois de travail. Elles interdisent également le travail des enfants.
Par exemple, la révolution de 1789 a été rendue possible car la répartition des moyens de production ainsi que les bénéfices octroyés par le travail étaient très inégalitaires. Seule une petite partie de la population, la noblesse, détenait les moyens de production. La bourgeoisie, accompagnée du peuple, s'est ainsi soulevée, souhaitant une meilleure répartition des richesses, ce qui conduisit à la création de la Première République, ainsi qu'à la fin de la monarchie. Ainsi le travail est-il un moteur de l'évolution de nos sociétés, lorsque le travail devient trop contraignant, la société finit par trouver une solution et apporter une libération au travail.


Conclusion: Nous avons vu que le travail pouvait être contraignant comme bénéfique, tout dépendant des conditions de travail du travailleur ainsi que de son vécu. Il peut même être les deux à la fois en considérant que le travail asservit mais apporte des connaissances, donc apporte une forme de libération.
Lorsque le travail est source d'importantes inégalités de richesses, il peut également être à la base de revendications à l'origine de révolutions qui modifient les sociétés, il peut donc être aussi moteur de l'évolution de nos sociétés.

"

Ma première problématique était: "Quel est l'apport du travail ?"
Est-ce une problématique viable ou s'agit-il à nouveau d'une simple reformulation du sujet ?

Suis-je hors-sujet ?

Mon amorce est-elle réussie ?

Mes transitions sont-elles réussies ?

Je vous prie également de me donner une note en considérant ce plan comme une dissertation complète ainsi qu'un sujet du Bac, et en ajoutant des commentaires constructifs qui visent à augmenter cette note.

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  • E-Bahut

DJhuff, l'homme qui écrit des disserts plus vite qu'on ne peut les corriger!

Pour ce qui est du problème "Que gagnons-nous à travailler?", je répondrai simplement: "de la thune". 20/20 garanti.

Laisse-moi un peu de temps, je vais te proposer une correction sérieuse demain.

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  • E-Bahut

Ok, cher DJhuff, lis bien ma réponse car cette dissert est l'occasion d'une leçon importante. Ici, tu as repris un sujet en appliquant la méthode que tu as apprise et dans laquelle je t'ai encouragé moi-même: la classique thèse-antithèse-synthèse. Devant "Que gagnons-nous à travailler?", tu as donc choisi de répondre:

1) En quoi le travail est une contrainte? (hors-sujet, du coup...)

2) En quoi le travail peut-il être bénéfique? (on répond au sujet)

3) Que nous apporte réellement le travail? (qui répond aussi au sujet, mais... du coup, le point de vue sur le problème n'a pas évolué du tout, c'est juste le prolongement de la 2e partie)

Et bien, si tout est à réécrire ou presque, c'est parce que tu as touché une limite de la méthode classique. Faire une réponse thèse-antithèse-synthèse n'a aucun sens avec ce sujet particulier.

Dans les sujets où l'ont peut choisir entre deux extrêmes, lorsque la réponse est quelque part dans la tension entre un pour et un contre, la méthode classique a une solution intéressante à t'offrir: une spirale argumentative, un voyage vers la remise en cause de la question et la compréhension du problème.

Par contre, lorsque le sujet est à un seul terme (ici: le travail seul...) et que tu as donc une question qui ne peut pas avoir comme réponse "pour ceci" ou "contre cela", tu dois partir dans une autre direction. Tu dois faire un plan différent capable de présenter les différentes réponses à cette question.

Par exemple, je vois que tu as évoqué un argument moral avec Kant (je suis un prof de philo basique, je vois Kant: j'ai envie d'écrire "Bien!" au stylo rouge), puis un argument intellectuel (sur la formation et les connaissances) et enfin des arguments sociaux (le travail fait évoluer la société). Et bien tu peux commencer à prendre ta dissertation sous-partie par sous-partie, et commencer à les regrouper sur le brouillon. Ainsi, tu vas trouver des thématiques: des pistes de réponse à la question.

Voilà comment je ferai:

Que gagnons-nous à travailler? Pose la question du gain, qui peut être de différentes natures: matériel, moral ou social.

1) Gagnons-nous matériellement au travail?

sous-partie n°1: l'origine du salaire, la solde et le paiement du travail jusqu'à la valeur du travail ouvrier. Vendre son temps contre de l'argent.

sous-partie n°2: gagnons-nous toujours à travailler? Marx et l'aliénation, où comment l'ouvrier perd son temps et sa santé par rapport à un chômeur, en échange 'd'un confort matériel minimal.

sous-partie n°3: les avantages sociaux du travail, la place conférée, le statut, l'identité sociale.

Transition: cela commence par les avantages comme une voiture de fonction, mais débouche sur une autre nature de gain, le gain social du travail.

Partie 2) Gagnons-nous socialement au travail?

sous-partie n°4: le travail nous enrichit socialement puisqu'il nous apprend à communiquer et à nous coordonner. D'où l'identité de corporation de certaines professions, qui développent leur propre culture.

sous-partie n°5: les relations du tissu social au monde du travail, de la connexion au népotisme, ou "je ne peux pas virer Kévin, qui fait des erreurs comptables et nous oblige à les réparer, parce que c'est le neveu du PDG" Lorsque le social parasite l'organigramme et exclut la récompense au mérite. Finalement, le monde du travail reproduit les mêmes défauts et privilèges pour dominants que le reste de la société.

sous-partie n°6: Puisque la société vit et reconnait le travail, le travail offre une identité sociale. On peut se définir par son travail et obtenir une identité qui défie les déterminismes de genre, de classe ou d'origine. Mais ce corporatisme lie autant qu'il libère.

Transition: si le travail est envisagé comme une liaison sociale, il entretient une relation distante avec la liberté de l'individue, parce qu'il va le lier et l'obliger à chaque fois qu'il peut le libérer d'autre chose (lorsque les femmes peuvent devenir fonctionnaires sur concours, sans différence de salaire avec leurs collègues masculins, elles sont libérées du déterminisme de genre mais pour rentrer dans les contraintes du fonctionnariat).

Partie 3: Gagnons-nous éthiquement au travail?

sous-partie n°7: Kant et le travail moral, la lutte contre l'oisiveté.

sous-partie n°8: L'accomplissement de soi, la réalisation par le travail (exemple de l'artisan)

sous-partie n°9: Cela demande d'exclure le travail aliénant, qui dépossède le travailleur du fruit de son travail, matériellement d'abord, et moralement ensuite.

Conclusion:

Le travail n'est pas la même chose que l'emploi, avoir un boulot n'est pas forcément travailler, puisqu'on peut être réduit à un gain financier très maigre, tout en étant dépossédé de son temps, de sa santé, de sa satisfaction professionnelle ou de son accomplissement moral dans le cas du travail aliénant.

 

 

Donc si ta copie n'est pas entièrement hors-sujet, l'inadéquation de la méthode classique avec cette question rend au moins un tiers de ta copie obsolète. C'est la leçon du jour: attention, la méthode classique ne permet pas de répondre à tout.

Alors comment faire? Au lieu d'essayer d'appliquer la méthode classique "thèse-antithèse-synthèse", mieux vaut se concentrer sur les différentes étapes de son argumentation. Il faut penser "étape 1, étape 2, étape 3", avec des transitions, et si ça ne réalise pas une thèse, un antithèse et une synthèse hégelienne, et bien tant pis pour Hegel. Ce qui compte, c'est que la réponse soit pertinente et utilise des exemples dans la culture philosophique. Ici, par exemple, tu as réussi à caser Kant, c'est déjà ça.

 

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Bonjour, Calliclès. Je vous remercie pour votre réponse, qui m'enseigne un nouvel horizon. Je tâcherai de l'appliquer dans un nouveau sujet de dissertation n'impliquant qu'une notion sans opposition.

Je tiens à signaler que j'ai également invoqué Tran Duc Thao, Hannah Arendt, Karl Max, Hegel dans ce plan de dissertation.

J'ai compris les trois parties de votre raisonnement, mais pas votre conclusion.

Qu'est-ce que vous sous-entendez exactement par "avoir un boulot n'est pas forcément travailler" ?
Voulez-vous dire que le travail peut être compris sous plusieurs sens, et qu'un travail isolé qui ne comporte aucune interaction sociale n'apporte aucun gain socialement ?
Ou par exemple qu'un travail illégal tel que la vente d'armes au marché noir n'apporte aucun gain éthiquement ?

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