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Tout ce qui a été posté par Calliclès
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Doublon, je ferme ce sujet car il est déjà traité ici:
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Somme nous moins heureux quand nous somme plus responsable
Calliclès a répondu à un(e) sujet de arnauld dans Philosophie
Salut à toi, ravi de t'avoir aidé. Cela veut dire que la liberté est une condition nécessaire (mais non suffisante) du bonheur. Il faut pouvoir faire ses propres choix. Pour éviter de partir dans un argument métaphysique sur l'articulation de la liberté au bonheur, je te propose une étude concrète: le World Happiness Report (rapport mondial sur le bonheur) de l'ONU montre qu'on est généralement moins heureux dans les pays autoritaires. Cela dépend comment tu utilises l'argument. Tu peux citer Kant là-dessus, mais attention: si tu en fais un argument portant uniquement sur le bonheur, qui ne dit rien de sa relation à la responsabilité ou au devoir, alors cela deviendra un argument hors-sujet. Si tu as peur du hors-sujet, garde en tête ceci: la dissertation explore une relation entre deux termes, pas les deux termes séparément. Ce qui est très simple à comprendre si tu compares la philosophie à n'importe quelle autre matière. Si un contrôle de maths de demande de calculer le rapport de proportion entre deux segments de droite, et que tu mets en réponse la définition d'une droite seule, c'est hors-sujet. Si une synthèse d'histoire te demande de résumer l'impact des mesures de Roosevelt sur l'issue de la Première Guerre Mondiale et de la politique mondiale de l'entre-deux guerres, mais que ta copie mentionne seulement l'arrivée au pouvoir de Roosevelt sans évoquer la guerre: c'est hors-sujet aussi. -
Somme nous moins heureux quand nous somme plus responsable
Calliclès a répondu à un(e) sujet de arnauld dans Philosophie
Je rallume mon PC pour la seule fois de la journée et tu viens de poster il y a une minute! Tu as de la chance. Facteur hors-sujet comme l'argent: c'est toi qui parlais de facteurs du bonheur qui ne jouent pas sur la responsabilité, je reprends tes mots. Et puisque le sujet porte sur "bonheur ET responsabilité", si tu as un argument qui ne parle que tu bonheur tout seul, comme l'argent... Il est hors-sujet. La pire erreur à faire, pour l'instant, serait un plan du type: A) le bonheur, B) la responsabilité, C) un autre truc. Tu dois traiter bonheur et responsabilité conjointement: le sujet de réflexion, ici, c'est justement comment ils s'articulent l'un à l'autre. Est-ce que la responsabilité rend moins heureux? (ça paraît évident, puisque ça rajoute des contraintes) Est-ce que faire son devoir, en tant que source de fierté et de positionnement social, peut rendre heureux? (ça paraît contre-intuitif, mais pas tant que ça: beaucoup de gens attachent énormément d'importance à leur travail, leur vocation et existent à travers leurs responsabilités, ils en tirent visiblement quelque chose qu'ils ne souhaitent pas abandonner). Et enfin, en conclusion: est-ce que la responsabilité ne serait pas aussi une condition de la liberté, donc du bonheur? Bien sûr que la responsabilité est une contrainte, mais quelle liberté concrète n'implique pas des contraintes? Si tu as une liberté de circulation dans ton pays (pas comme les Nord-Coréens qui n'ont pas le droit de sortir de leur préfecture de résidence sans une autorisation policière), alors tu as aussi une responsabilité: tu dois respecter le code de la route par exemple. Ne pense pas à la liberté et la responsabilité comme des concepts trop abstraits: la liberté s'incarne de façon très concrète dans des situations quotidiennes. Pense aux libertés politiques définies par la loi: circulation, presse, expression, réunion, vote... Nos libertés sont toutes nécessairement attachées à des contraintes, qui sont le pendant de la responsabilité. En fait, plus tu es libre, plus tu es responsable. Et un irresponsable heureux: c'est un enfant, il n'y a pas d'adulte irresponsable et heureux, parce qu'un tel adulte ne jouirait pas de ses libertés, ce serait un handicapé sous tutelle. Si tu comprends ça, tu comprendra l'intérêt de ce sujet de réflexion, et pourquoi tu n'as pas qu'une réponse possible. Je te donne un exemple qui vient du roman "Jurassic Park" de Michael Chrichton (pas un grand philosophe, donc, mais il a des exemples marquants): si tu apprends un art martial à haut niveau, et que tu deviens un combattant suffisamment expert pour tuer quelqu'un à mains nues, tu acquiers une responsabilité en plus. Au cours de ton apprentissage des arts martiaux, tu as normalement aussi appris la maîtrise de soi, le respect de l'adversaire, le jugement du danger: bref tu as acquis la sagesse de ne pas utiliser ton savoir n'importe comment. Au moment où tu as la liberté de tuer à mains nues, tu as également acquis la responsabilité morale de ne pas le faire (et de n'utiliser ce savoir-faire qu'en cas de légitime défense). La liberté implique logiquement la responsabilité. Pour résumer: ce sujet de philo n'est pas très difficile, mais tu dois comprendre au moins trois choses: 1) la réponse apparemment évidente "bah oui, quand il faut faire plus on est pas heureux" implique une vision négative de la responsabilité. Seuls les enfants ont une vision seulement négative de la responsabilité (et encore, beaucoup d'enfants aiment que leurs parents les impliquent dans la maison en leur donnant des responsabilités petit à petit). 2) Ce sujet implique également le concept de liberté, il faut en parler. 3) Ce sujet implique une sous-question: "peut-on être heureux sans être libre?" qu'il faudra traiter dans une des parties ou dans une transition. -
Somme nous moins heureux quand nous somme plus responsable
Calliclès a répondu à un(e) sujet de arnauld dans Philosophie
Si ta responsabilité n'est pas en jeu, alors c'est un facteur hors-sujet. L'argent seul ne suffit visiblement pas à faire le bonheur, sinon comment expliquer qu'autant de gagnants du Loto se suicident? (il y a une cellule psychologique à la Française des jeux pour essayer de prévenir ce phénomène). -
Somme nous moins heureux quand nous somme plus responsable
Calliclès a répondu à un(e) sujet de arnauld dans Philosophie
Non. Ce qui fonde la responsabilité, c'est la liberté. Tu n'as pas choisi de tomber malade, par exemple: ce n'est pas de ta faute et ta responsabilité n'est pas en jeu (à moins que tu ais fait exprès d'attraper une maladie, ce qui est tout de même un cas franchement rare). Les sentiments non plus ne sont pas choisis. Si tu tombes amoureux de quelqu'un, ce n'est pas de ta faute. En revanche, tu dois choisir quoi faire de ce sentiment. Par exemple: si une prof de français mariée, avec des enfants, dans la trentaine, tombe amoureuse d'un élève de seconde qui a seulement 15 ans, ce n'est pas sa faute. Mais sa responsabilité morale consiste à ne pas sortir avec cet élève de 15 ans, puisque là elle commettrait un abus de mineur caractérisé. -
Somme nous moins heureux quand nous somme plus responsable
Calliclès a répondu à un(e) sujet de arnauld dans Philosophie
C'est un sujet sur la morale et le bonheur. On peut résumer la problématique a "est-on plus malheureux lorsqu'on fait son devoir?" Tu dois comprendre le dilemme que ça pose: d'un côté les responsabilités sont une contrainte, de l'autre la responsabilité vient avec des libertés (qui créent justement des obligations). Par exemple: lorsque tu tu sera majeur tu sera considéré comme un adulte responsable par la loi, donc tu n'aura aucun traitement de faveur ou de circonstance atténuante lors de ton procès si tu commets un crime, tu aura plus de responsabilités. Mais d'un autre côté, cela s'accompagne de plus de libertés: tu pourras acheter ce que tu veux, consommer de la pornographie légalement, tu auras le droit de vote, etc... -
Je te réponds ici:
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aidez-moi svp pour une dissertation en philo "Le bonheur est-il le but de la politique?"
Calliclès a répondu à un(e) sujet de fluxy dans Philosophie
Tu es clairement sur la bonne voie, tu peux développer un peu la problématisation. -
Avant de te répondre, je voudrais savoir s'il y a des choses que tu ne comprends pas dans ce texte. Les répliques de Socrate te donnent de solides arguments pour distinguer l'opinion de la science, tu peux les expliquer pour répondre à la question 3. Les questions 1 et 2 doivent t'amener à collecter des arguments à utiliser pour répondre à la 3.
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aidez-moi svp pour une dissertation en philo "Le bonheur est-il le but de la politique?"
Calliclès a répondu à un(e) sujet de fluxy dans Philosophie
Bonsoir Emma, C'est exactement la première séquence que j'ai faite avec mes élèves cette année. Le but est d'abord de comprendre en quoi le bonheur serait politique. On pourrait considérer que les lois, la police, le budget, voire la gestion de l'énergie soient des sujets politiques, mais le bonheur? En fait, le bonheur des citoyens est central dans les objectifs à long terme de la politique. Si le gouvernement rend les citoyens misérables, ils considéreront qu'il y a peut-être plus d'avantages à vivre ailleurs (donc à émigrer, comme le font un certain nombre de personnes qui fuient des régimes politiques trop contraignants), ou à vivre en-dehors des règles de la société (donc à se tourner vers la criminalité, puisque l'honnêteté n'est pas récompensée). Cependant, pour assurer une certaine qualité de vie à ses citoyens, l'Etat doit aussi leur imposer des règles (par exemple, pour le bien-être général, il est interdit de commettre un meurtre ou de torturer des gens, et tant pis pour le bonheur des sadiques, qui se retrouvent privés de leur plaisir). De la même façon, afin de permettre le fonctionnement des institutions, l'Etat doit passer par de nombreuses contraintes, notamment les impôts. Du coup, un certain nombre de mesures politiques visent à augmenter le bonheur des gens. Mais comment le quantifier? Je te donne un exemple en or pour ta dissertation: en 2011 le Bhoutan (ce petit pays voisin de la Chine, qui a un dragon sur son drapeau) a porté un projet qui a finalement abouti à l'ONU: ils ont insisté pour qu'on ne mesure pas seulement le Produit Intérieur Brut des pays, mais aussi leur Bonheur Intérieur Brut. Des sociologues ont monté un indice complexe pour tenter de mesurer le bonheur, et d'après les résultats il n'est pas relatif à la culture, mais plutôt aux institutions politiques. https://fr.wikipedia.org/wiki/Rapport_mondial_sur_le_bonheur -
La peur nous maintient t-elle en vie ?
Calliclès a répondu à un(e) sujet de LOLILOL32 dans Philosophie
C'est plutôt un sujet pour un psychologue, ou un éthologue! La peur, évidemment, maintient en vie. Si tu as un exercice de narratologie à écrire (et pas une dissertation philosophique), voici quelques pistes: Un vieux revient au monument au mort ou dans un cimetière militaire, et raconte ses souvenirs de guerre à un enfant (peut-être son petit-fils?). Au fur et à mesure des noms qu'ils voient sur les tombes, l'enfant remarque qu'il ne connait presque personne avec ces noms-là dans leur village. Le vieux lui fait remarquer que beaucoup sont morts sans enfants, et que ceux qui sont restés à l'arrière n'ont pas leur nom dans ce cimetière ou monument-là. On peut imaginer une morale du type "nous sommes les descendants de ceux qui avaient peur de se battre, les plus courageux sont morts en premier" Suivre le quotidien d'un mec qui souffre d'une pathologie neurologique rare: il ne ressent pas la peur. Du coup, son quotidien est un enfer: il manque de se faire écraser parce qu'il oublie de regarder avant de traverser la rue, il ne met pas sa ceinture de sécurité, c'est un danger public en voiture... Il fume, boit et se drogue alors qu'il a un enfant, il s'est fait agresser plusieurs fois parce qu'il n'évite pas les confrontations et les insultes, il n'arrive pas à garder un travail parce qu'il ne respecte pas les consignes de sécurité. Bref, tout indique que ce mec aurait dû mourir des centaines de fois si les autres ne faisaient pas attention pour lui. Une histoire "oublier sa peur", avec un jeune homme qui assiste à une sorte de séminaire de développement personnel avec un discours vaseux qui promet de "dépasser la peur" en quelques semaines de stage. Il signe pour le stage, on le voit faire des exercices de plus en plus dangereux et suivre des discours de plus en plus radicaux, et à la fin on se rend compte que ce n'est pas vraiment du développement personnel: c'est le lavage de cerveau d'une secte qui fait des attentats-suicides, il il suit la formation des kamikazes. La peur est un instinct très spécifique, et on peut le comprendre comme aussi utile que la faim, la soif ou le désir sexuel. Les animaux qui fuient à temps vivent plus longtemps que ceux qui essaient de se battre. -
La recherche d'une première vérité de Jules Lequier
Calliclès a répondu à un(e) sujet de juju du 13 dans Philosophie
C'est un peu ce que j'avais envie de répondre... Et est-ce qu'en te filant un corrigé clé-en-main, je vais t'aider à progresser pour autant? Réponds déjà aux quatre premières questions, ça va te permettre de beaucoup mieux voir de quoi parle le texte. -
Faut-il que l'homme vive selon la nature ?
Calliclès a répondu à un(e) sujet de Caliméro86 dans Philosophie
Attention: la problématique "peut-on vivre SANS la nature?" est ici un hors-sujet. Personne ne te demande si on peut vivre sans les forêts et les océans (la réponse est NON, sinon l'écosystème s'effondre et tout le monde meurt, les écologistes le disent depuis 50 ans et toute la communauté scientifique leur donne raison). Tout le problème repose dans la formule "selon la nature", qui est ambiguë. Cela peut vouloir dire deux choses différentes: 1) faut-il vivre selon la nature extérieure? En suivant les contraintes naturelles ou en essayant de s'en émanciper? Là, on va rentrer dans un débat qui peut rapidement devenir idiot, puisque l'être humain se caractérise par sa capacité à transformer l'environnement. Et ce n'est pas un phénomène moderne: depuis que le feu est inventé (et sans doute déjà avant), on chasse, on défriche, on repousse, on colonise et on fabrique. Donc soyons clairs: nous sommes contre-nature, depuis un bon moment. L'agriculture, la chimie, les voitures, les trains électriques, nos moyens de communication: tout ça nous soustrait de plus en plus aux contraintes naturelles. Mais soyons lucides: c'est le cas depuis le début de l'humanité au sens large, nous modifions notre environnement en aménageant des abris et en produisant des outils. Mais n'est-ce pas aussi le cas de beaucoup d'animaux, finalement? Les fourmis aussi vivent dans des abris qu'elles construisent, et tentent de contrôler leur environnement. Un être vivant au sens large est un être qui, en plus de grandir et de se reproduire, exerce un certain contrôle sur son environnement. Mais l'être humain a poussé les outils très loin et ne vit plus selon les mêmes règles que beaucoup d'autres êtres vivants: il transforme son habitat à une échelle suffisamment grande pour menacer l'écosystème entier. C'est justement ce problème que révèle l'écologie, et s'enfoncer dans la maîtrise de la nature, sans limiter son impact, c'est aller droit dans le le mur. D'autre part, vivre "selon la nature" peut aussi vouloir dire en imitant la nature, ou les logiques qu'on imagine être naturelles. Par exemple, certains ultra-conservateurs pensent que l'homosexualité est "contre-nature". Ces gens-là ne veulent pas forcément dire que l'homosexualité n'existe pas dans la nature (une petite heure au zoo leur montrerait que l'homosexualité est très présente dans la nature). Mais que selon eux, la nature humaine est profondément liée à l'hétérosexualité (ce en quoi ils font preuve d'une immense arrogance intellectuelle, puisqu'ils n'apportent aucune preuve scientifique de cette "nature humaine"). 2) Faut-il vivre selon sa nature propre, ou en essayant de la dépasser? Le problème a l'air simple, mais il ne l'est pas. S'émanciper de sa nature propre n'est pas de la science-fiction (laissons de côté les transhumanistes et leur recherche d'immortalité ou leur quête du transfert de conscience dans un support informatisé). Plus proche de nous, il y a des gens qui rectifient leur nature propre: des transexuels (mon correcteur orthographique considère ce mot comme une faute d'orthographe...), mais aussi des gens qui se font poser une prothèse. Ou des myopes qui se font opérer au laser, ou encore des gens qui utilisent un appareil dentaire... Bref, une bonne partie de la médecine consiste à aller contre une partie de sa nature, et ce n'est peut-être pas un mal, puisqu'on y gagne en qualité de vie et en confort. Le plan peut être assez complexe à construire, selon la direction que tu veux prendre. -
Très beau texte, puisqu'il est actuellement confirmé par les neurosciences et la psychologie moderne: nous agissons et imaginons après-coup des justifications, comme l'homme ivre donné en exemple dans la fin de l'extrait. 1/ cette question est tellement bizarre... C'est pour filtrer les élèves qui n'ont vraiment rien compris à la philo, non? Si Spinoza s'intéressait aux pierres, ce serait un texte de géologie, pas de philo. La pierre n'est évidemment qu'un exemple. 2/ Alors, je ne sais pas ce que sont les A et B, du coup... J'imagine que ce sont des questions précédentes que tu n'as pas écrites ici? Peu importe, d'ailleurs: la thèse du texte est expliquée à partir de la ligne 12, je te laisse la comprendre. Pour les étapes du raisonnement: il y a deux paragraphes, donc deux grandes parties. L'exemple de la pierre, d'abord dans sa dimension physique. Puis l'exemple de la pierre, compris dans la dimension de la conscience (en imaginant que la pierre ait une conscience et qu'elle s'imagine faire un effort pour rouler, alors qu'elle est contrainte matériellement à continuer de rouler). 3/ Réponse courte: de notre ignorance. Je te laisse développer, Spinoza explique clairement son point de vue de la ligne 12 à la ligne 20. Très beau texte, qui synthétise tout ce qu'on a besoin de dire en Tle sur la liberté. Je vais me le recopier dans un coin...
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La recherche de la vérité est elle vaine
Calliclès a répondu à un(e) sujet de Nathan18 dans Philosophie
Salut, j'ai un paquet de copies sur les bras, d'autres cours à préparer et une vie personnelle (si si, ça m'arrive). Du coup, si tu es pressé, je suis désolé de te le dire: c'est le mauvais forum. -
La recherche de la vérité est elle vaine
Calliclès a répondu à un(e) sujet de Nathan18 dans Philosophie
J'ai bien lu ton devoir, je prendrai le temps d'y répondre ce weekend, je suis un peu débordé. -
Karl Marx et la religion comme aliénation économique
Calliclès a répondu à un(e) sujet de nicolas_mrvh dans Philosophie
N'étant vraiment pas familier des textes de Marx (à l'exception de deux ou trois extraits choisis), je ne suis pas la meilleure personne pour t'aider, malheureusement. Je trouve que la synthèse est étrange: la religion comme aliénation économique? Je vois tout à fait en quoi la religion est une aliénation de la justice ou de la conscience politique, chez Marx, puisqu'elle promet une justice divine qui n'arrivera jamais à des gens qui subissent une injustice sociale bien réelle. On peut considérer la religion comme un appel à l'inaction, donc un moyen de contrôle politique: si j'étais persuadé qu'un ministre ignoble et pervers sexuel va brûler en enfer, ça pourrait apaiser mon indignation devant le fait qu'il ne démissionne pas et qu'il échappe à la justice, je n'aurais plus qu'à patienter. Mais pendant que je patiente: il est encore au pouvoir et rien n'est fait (toute ressemblance avec un ministre de l'Intérieur et des Outre-Mer fictif ou réel serait purement fortuite). Donc la religion comme aliénation de la conscience politique, très bien. Mais une aliénation économique, je ne vois pas de quoi on parle. Je t'invite à relire ton cours, parce que l'articulation entre religion et aliénation économique m'échappe. -
La recherche d'une première vérité de Jules Lequier
Calliclès a répondu à un(e) sujet de juju du 13 dans Philosophie
Je confirme, rien n'est plus facile que de trouver un corrigé en ligne, et le plagiat c'est zéro automatique. Pour t'aider à faire le commentaire, voici la recette d'une bonne intro: 1) de quoi ça parle? (c'est le thème) 2) à quelle question cela répond? (c'est le problème) 3) quelle réponse précise est développée dans le texte? (c'est la thèse: l'idée centrale du texte) 4) quelles sont les étapes du raisonnement? (c'est le plan) Ici, je te donne le thème (mais il faut que tu trouves le reste tout seul): ce texte parle de la liberté d'action. -
Hlp:devoir maison:question d’interprétation :comment Henri Bergson établit il l’importance du « moi social »?
Calliclès a répondu à un(e) sujet de Oriane dans Philosophie
Salut Oriane, Si tu ne comprends pas certains mots, utilise un dictionnaire, il suffit de les chercher en ligne. Ensuite, cela demande deux choses différentes: la question et le commentaire ne sont pas le même devoir. Pour la question: le "moi social" est important pour deux choses différentes. D'une part il est la partie sociale de nous-même qui partage de nombreux points communs avec autrui. Donc pour vivre en société, il faut bien s'investir de ce "moi social". Concrètement, cela veut dire: être dans la norme sociale, respecter les us et coutumes. Parfois, c'est un apprentissage qui demande de respecter un code, comme la politesse (ton moi intime n'a pas forcément content de dire "merci" et "s'il vous plaît", c'est ton moi social qui respecte ces obligations). Et puisque le moi social suit la société, c'est aussi lui qui te fait respecter les traditions et mépriser les marginaux (mais Bergson s'en fout). Puisque Bergson fait une métaphore spatiale, disant que ta conscience a une étendue de surface et une profondeur cachée, je vais faire la même chose. En surface, tu as une obligation horizontale à respecter le moi social: parce que c'est la partie de toi-même qui est en contact avec les autres. Les "moi sociaux" se tiennent les uns contre les autres comme une banquise sur l'océan arctique. La deuxième façon dont Bergson montre l'importance, c'est une obligation verticale: tu dois respecter ton moi social pour être en accord avec toi-même, trouver une stabilité psychologique (une banquise est faite d'icebergs, qui ont une grosse partie immergée, assez lourde pour les maintenir en équilibre). Je te joins un petit schéma de la métaphore de Bergson. Et puisque je suis un infographiste de talent, c'est un schéma bâclé en deux minutes sur Paint 3D! Pour le commentaire, ton ou ta prof t'a carrément fait un texte à trous! Du coup, tu peux le remplir avec le thème du texte, avec le problème, avec la thèse, puis le plan du texte. Pour le corps de texte: ton commentaire doit faire autant de parties que le texte lui-même. -
La première question trouve sa réponse dès le début du texte. Comment est présentée la notion d'intérêt général? Tout le texte en parle, mais les trois premières lignes sont assez claires. La seconde question est une intro à la réflexion philosophique et aux dissertations: doit-on respecter la justice seulement parce qu'elle est avantageuse? Bien sûr que non, puisqu'elle n'avantage pas les coupables. Et pourtant, si elle n'avait aucun avantage, tout le monde devrait essayer d'échapper à la justice. Relis ce texte doucement, tu verras que Hume donne au moins deux arguments pour respecter la justice.
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Tu ne pouvais pas mieux tomber: je viens de finir un cours en distanciel sur cette notion avec une élève. 1) La thèse de l'auteur est à la fin, Locke est un philosophe méthodique qui fait tout pour s'exprimer clairement, il n'y a pas de piège. Idem pour le déroulement de l'argumentation: c'est un texte articulé en plusieurs paragraphes: aucun piège, il y a autant d'étapes que de paragraphes, tout simplement. 2) La comparaison est faite en creux. L'état de nature est défini par une suite de négations, il faut comprendre: "donc, dans la société civile, au contraire..." 3) Existe-t-il des lois naturelles? C'est une question de réflexion qui mérite que tu argumentes, mais tu dois comprendre le problème, qu'on peut formuler de la façon suivante: comment une loi peut-elle être naturelle alors que les lois doivent être décrétées par définition? Il y a une tension entre l'idée même de loi: écrite, promulguée par une autorité, artificielle, conventionnelle, issue du débat public et de la volonté d'imposer un ordre social par-dessus l'ordre naturel, et l'idée de nature, qui est immanente, immuable, indifférente aux décisions et aux décrets. Une loi, c'est comme un calendrier, de l'argent ou un moyen de contraception: c'est extrêmement pratique et on aurait tort de s'en passer, mais c'est évidemment contre-nature. Les scientifiques disent "loi de la nature" en commettant un abus de langage, lorsqu'ils décrivent les règles immuables de la physique. Mais Locke ne parle visiblement pas de ça.
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Explication de texte d'Aristote la Politique
Calliclès a répondu à un(e) sujet de karmine dans Philosophie
On peut mais c'est un exercice difficile. Mieux vaut rester sur le texte autant que tu peux pour éviter les erreurs d'interprétation. Ensuite, il faut apprendre à critiquer. -
Commentaire en philo extrait du Philèbe
Calliclès a répondu à un(e) sujet de GGérard dans Philosophie
Salut à toi mon Gégérad! Désolé de ne pas t'avoir répondu plus tôt, retroussons-nous les manches et partons explorer le Philèbe de Platon! C'est un texte qui explore le concept du Bien, mais d'une façon nuancée qui laisse de la place à l'idée de "vie bonne" et de vie des plaisirs. On peut y trouver la racine de ce que les Epicuriens ont trouvé chez Platon. Mais ces considérations générales sur l'oeuvre ne nous seront d'aucune utilité, donc abandonnons-les dans un endroit où les généralités inutiles sont heureuses, comme Wikipédia ou les programmes électoraux. Et mettons-nous plutôt à la lecture dans le détail! Ce passage évoque la distinction intellectuelle entre différentes formes du savoir. C'est donc un texte d'épistémologie (philosophie de la connaissance, qui pose des questions sur la nature des raisonnements et des sciences). J'ai retrouvé ce passage dans la nouvelle édition du Philèbe sortie chez Vrin en collection bilingue (traduction par Sylvain Delcomminette, Vrin, 2022, p223, référence 59a). Et la traduction est un peu différente, mais peu importe, j'ai le texte grec original en vis-à-vis. Juste avant ce passage, le dialogue entre Socrate et Protarque recherchait la science la plus pure. Il y avait une comparaison avec la couleur blanche: une petite étendue de blanc pur se distinguerait au milieu d'une grande étendue d'un blanc moins pur. Puisqu'à cette époque l'orateur Gorgias (un maître en rhétorique célèbre de cette époque, qui donnait des leçons particulièrement chères) prétendait que la rhétorique était la science suprême, Philèbe l'avait évoqué. Mais cette idée est écartée par Socrate, pour qui la rhétorique n'est qu'un moyen d'accommoder les idées de façon agréables, sans réfléchir à son sujet, elle n'est donc pas une science (je te renvoie à cet autre dialogue de Platon qu'est Gorgias, où tout cela est expliqué de façon très amusante à lire: c'est pour dire que Gorgias est un emmerdeur négligeable dans le débat). Il y a une distinction à faire entre la science ou connaissance ( ἐπιστήμη, "épistémè") et l'opinion (δόξα, "doxa"). Avoir une opinion, c'est avoir un jugement tout fait et dénué de réflexion. La connaissance, au contraire, procède d'une réflexion, elle s'appuie sur un raisonnement logique et est toujours supérieure à l'opinion. Donc le début du texte doit t'apparaître plus clair: Platon demande à Protarque d'accepter un exercice de pensée, imaginer un imbécile ("un de ces hommes d'opinion") qui étudie la nature. Mais il définit immédiatement la nature: c'est l'ensemble des choses qu'il y a sous le ciel, là où tout change en permanence (par opposition à ce qui se passe dans le ciel, où les mouvements des planètes sont parfaitement réguliers et respectent des cycles éternels... en tout cas, c'est ce que les Grecs anciens croyaient de l'astronomie). Le raisonnement qui s'ensuit est limpide: si un homme d'opinion (donc qui ne pratique pas les sciences méthodiques) commence à étudier la nature (qui change continuellement et où les objets n'ont pas de permanence éternelle), il peut bien y consacrer sa vie s'il le souhaite, il n'y trouvera pas de connaissance ferme. A cause de la double-difficulté: d'une part le monde change, d'autre part son esprit n'a pas de méthode. Mais puisque le monde change en permanence, on ne peut pas en tirer de connaissance ferme et absolue, éternelle (Platon ne connait pas la théorie de l'évolution, la biologie, ni même la géologie, il est en train de défendre que seules les sciences exactes comme la géométrie ou la logique produisent des connaissances certaines). Pour atteindre une science vraie, il faut trouver une science dont l'objet est stable et sans mélange. On pourrait croire que cette distinction va servir plus tard dans le raisonnement à distinguer le bien stable du plaisir changeant, mais le dialogue est plus subtil que ça et ce serait simpliste. Le propos du dialogue Philèbe étant complexe, je ne vais pas tenter d'examiner cet extrait de trop près. Le petit exemple qu'il nous a fourni suffit à disserter sur la différence entre la science et l'opinion, la différence entre le changeant et le permanent. Bon courage pour la suite! -
Explication de texte d'Aristote la Politique
Calliclès a répondu à un(e) sujet de karmine dans Philosophie
Tu ne vas pas trop loin dans l'interprétation, c'est exactement ça: il y a une analogie entre le dieu créateur et l'artisan qui a fabriqué la clepsydre (dis-le dans ton commentaire). Nous sommes des observateurs du fait que nous n'ayons pas assistés à la création du monde. Mais comme l'observateur de la clepsydre, nous essayons de comprendre comment ça marche: être un observateur ne veut pas dire être passif. Du coup, est-ce qu'il y a une défense de l'articulation entre raison et religion? Oui. Mais c'est un exercice ancien: les Grecs écrivaient déjà des traités de théologie pour essayer d'expliquer le comportement de Zeus (et ça leur posait de nombreux problèmes intellectuels, de devoir justifier Zeus comme la volonté divine suprême et juste, alors que la moitié de leur mythologie le décrit comme un obsédé sexuel qui court après tout ce qui bouge). Pas besoin d'aller dans le détail à ce point, c'est une réflexion générale sur la démarche intellectuelle: déduction pour le créateur, induction pour l'observateur. Tu peux t'en tenir là, tout autre exemple sortirait du texte et de son interprétation rigoureuse. C'est la seconde alternative qui est la plus simple et la plus élégante. Avec toutefois une erreur dans le problème: ce n'est pas "justifier l'existence de dieu scientifiquement" qui intéresse Maïmonide, mais pourquoi nous ne pouvons pas acquérir une connaissance divine parfaite. Car depuis le début, Maïmonide considère l'existence de dieu comme évidente, c'est une prémisse de son raisonnement et il ne va pas revenir dessus dans ce texte. -
Explication de texte d'Aristote la Politique
Calliclès a répondu à un(e) sujet de karmine dans Philosophie
Ravi de voir que j'ai pu aider, mais n'oublie pas que c'est bien ta note: c'est ton travail qu'il faut féliciter, je n'ai rien écris que tu aurais pu bêtement copier-coller pour remplir le sujet. Pour le texte de Maïmonide: je tiens d'abord à préciser que si j'ai évidemment des connaissances en philosophie médiévale et théologie, ce n'est pas ma branche (pour une bonne raison: c'est un branche morte encombrée de problèmes insolvables et mal posés, un cul-de-sac intellectuel dont la philosophie occidentale s'est débarrassée depuis Kant en jugeant le concept de dieu indécidable, donc inutile). Ce texte a l'air d'aborder l'épistémologie (la philosophie de la connaissance qui se préoccupe de questions telles que "qu'est-ce que la vérité?", "qu'est-ce qu'une théorie scientifique?", ou encore "quelle est la différence entre croire et savoir?"), mais il parle en réalité de théologie (la philosophie religieuse chargée de résoudre les nombreuses contradictions des dogmes religieux, comme "qu'est-ce que dieu foutait avant la création?" et "si dieu est bon, pourquoi y a-t-il du mal quand même?") Première remarque d'importance: ce texte médiéval pose déjà de nombreux problèmes de traduction! La version qu'on t'a présentée utilise un vocabulaire vieilli qui porte à confusion. Il faut donc faire une notice de traduction du texte (que ton ou ta prof aurait peut-être pu fournir... je ne sais pas) artiste = artisan. Dans ce texte, ce n'est pas du tout une personne qui s'occupe d'expression artistique (en lisant l'exemple, on se rend compte qu'on gagnerait à remplacer "artiste" par "mécanicien" ou "horloger" pour mieux comprendre la situation). C'est ici à comprendre dans le sens d'artisan. science = savoir ou connaissance. Ce n'est pas ici le mot "science" au sens précis de grandes théories rationnelles, mais au sens élargi de connaissance, technique, savoir, et seulement enfin de science à la fin du texte. oeuvre = produit. C'est justement le sens artisanal du mot oeuvre qui est retenu, pas le sens artistique que la Modernité lui a donné à partir du XVIIe siècle. Maïmonide ne parle absolument pas d'un peintre ou d'un musicien qui compose une oeuvre d'art, sauf dans le sens strictement technique du terme. Il vaut mieux imaginer un menuisier en train de construite un meuble, ou un horloger en train d'ajuster un mécanisme complexe pour comprendre l'exemple de Maïmonide. connaissance = connaissance (du point de vue du créateur) / observation (du point de vue du spectateur). Ce terme est utilisé de deux façons différentes par Maïmonide, qui joue sur la polysémie du terme, cela peut prêter à confusion. Lorsque Maïmonide parle de la connaissance de l'artisan, il parle d'une maîtrise intellectuelle des concepts qui permettent de fabriquer une horloge (par exemple), c'est donc une connaissance des lois de la mécanique et de la physique. Mais lorsqu'il parle de la "connaissance", et même de la "connaissance parfaite" de celui qui observe, il faut comprendre "observation". C'est le processus intellectuel qui est en jeu. Par exemple, si tu connais la géométrie d'Euclide et la règle de construction et de calcul d'un quadrilatère, tu peux créer tous les carrés, trapèzes et losanges que tu veux, tu possèdes la connaissance théorique suffisante pour créer cet objet: la maîtrise de la géométrie. En revanche, un enfant ignorant de la géométrie découvre une forme différente losange après rectangle, sa connaissance de ces figures dépend de ce qu'il observe, c'est une connaissance empirique (pratique, mais sans compréhension des règles intellectuelles sous-jacentes, il saura certainement reconnaître un carré et le différencier d'un trapèze, mais il sera incapable de les définir clairement). cette boîte = L'exemple est celui d'une clepsydre, une horloge médiévale qui utilisait un système interne de poids et contrepoids, tout en agissant comme un gros sablier qui utilise l'écoulement de l'eau au lieu du sable. Mais ce système ingénieux nécessitait qu'on y remette de l'eau tous les jours à la même heure. Il a donc disparu progressivement après l'apparition des horloges à ressort, qu'on peut se contenter de remonter toutes les semaines. C'est là que la distinction entre la connaissance du créateur et la connaissance du spectateur va s'appliquer: celui qui a fabriqué la clepsydre comprend les lois de la mécanique, alors que celui qui regarde une clepsydre sous tous les angles voit sa connaissance augmenter petit à petit au fur et à mesure qu'il l'observe. S'il y passe suffisamment de temps et de réflexion, avec rigueur et logique il finira même par déduire les lois de la mécanique du fonctionnement de la clepsydre, et aura donc l'impression que "la science suit l'oeuvre." La fin du texte est une expérience de pensée: imaginons une autre machine que la clepsydre, plus grosse et pratiquement infinie dans son étendue et sa complexité. On ne pourrait pas en comprendre les lois sous-jacentes, peu importe le temps d'observation. Et cette machine géante à la complexité infinie: c'est le cosmos, avec les mouvements réguliers et mystérieux des planètes, ainsi que toutes les choses qu'on ne comprend pas. Et enfin, il termine sa comparaison en disant qu'il y a entre nous et dieu une différence de connaissance comparable à celle qui sépare l'artisan qui a fabriqué la clepsydre, de celui qui regarde la clepsydre. Et c'est un appel à l'humilité intellectuelle, c'est un avertissement rationnel "restez modestes dans votre approche du monde, la science ne permettra jamais de comprendre la totalité des règles du cosmos", mais exprimé de façon irrationnelle avec un appel à l'humilité devant dieu. Et je trouve ça un peu nul. Abordons la critique du texte, pour laquelle je vais laisser de côté ma réserve et donner un avis personnel qui n'engage que moi: d'une part, cet exercice de traduction est bien pénible, non? C'est la raison pour laquelle je ne donne pas de texte médiéval ou trop exotique à mes élèves: la traduction est un obstacle. On se retrouve à faire un cours de philosophie dans lequel tous les problèmes abordés sont des problèmes de langage, alors qu'on pourrait parler plus facilement des concepts avec un texte plus proche de la langue des élèves. Par exemple: dans ta classe, je suis sûr que certains élèves vont se planter méchamment. Certains vont croire que Maïmonide parle effectivement d'un artiste au sens moderne du terme, et vont se dire qu'il faut parler de philosophie de l'art: parce qu'ils ne connaissent pas le sens premier d'artiste: artisan, fabricant. D'autres ne vont tout simplement rien piger à cette histoire d'horloge avec des poids et de l'eau... Parce qu'ils ne savent pas ce que c'est qu'une clepsydre! Et comment leur en vouloir? J'ai étudié l'histoire des idées, je lis des livres d'histoire des sciences pour le plaisir, je collectionne des gadgets mécaniques inutiles, et la dernière fois que j'ai vu une clepsydre, c'était dans un musée. C'était un objet courant à l'époque de Maïmonide, et si tout le monde ne savait pas forcément s'en servir, il y a fort à parier que tout le monde en avait déjà vu une fonctionner, au moins chez quelqu'un d'autre, c'était donc un exemple pédagogique lorsque Maïmonide a écrit ce texte au XIIe siècle, mais c'est devenu un obstacle à la compréhension d'aujourd'hui: il faut assortir ce texte d'une petite note de civilisation, par exemple "Maïmonide parle ici de la clepsydre, une horloge à eau utilisée au Moyen-Âge". Ton ou ta prof s'aventure vers une pluie de mauvaises notes, ou elle devra ajuster sa notation sur ce devoir, parce qu'il ou elle a choisit un texte qui surajoute des problèmes de langages aux problèmes conceptuels que vous deviez expliquer. Ensuite, le raisonnement de Maïmonide est intéressant sur le plan épistémologique: il sépare la connaissance qui vient d'une maîtrise des règles théoriques, de la connaissance qui procède au contraire de l'observation. Ce sont deux mouvements intellectuels différents: la déduction (aller des règles comprises vers une conclusion logique et son application), et l'induction (aller de l'observation des objets vers le postulat d'une règle pour construire une théorie). Et d'un point de vue épistémologique, son raisonnement est assez juste: peu importe le temps qu'on y consacre, on n'aura jamais de connaissance parfaite des lois de l'univers (il y a de moins en moins de mystères scientifiques au fur et à mesure que les sciences progressent et que les théories gagnent en efficacité, mais on tombe finalement sur de nouveaux phénomènes encore plus difficiles à comprendre). Mais la conclusion théologique n'a selon moi aucun sens. Si dieu est un horloger (admettons...), cela n'explique rien du monde, puisqu'on ne sait toujours pas d'où sort dieu, ce qu'il faisait avant de fabriquer son horloge en forme de cosmos, ni pourquoi il a fabriqué un cosmos, à partir de quels éléments disponibles, et encore moins comment il a appris les règles lui permettant de fabriquer un cosmos. Cela ne nous dit rien non plus de la nature des règles: les lois du cosmos sont-elles arbitraires, choisies par dieu au moment de la création (comme tu peux choisir la puissance et la durée de cuisson de ton grille-pain si tu le construis toi-même) ? Ou est-ce que ce sont des lois nécessaires, et dieu n'aurait de toute façon pas pu faire autrement (comme tu ne peux rien changer aux principes thermiques, mécaniques et électriques exploités dans cet appareil qu'est le grille-pain) ? Cela ne répond à aucune question philosophique qu'on peut se poser sur la nature du monde et des lois de la physique. Pire: puisque la conclusion de Maïmonide est de dire qu'on ne comprendra jamais complètement, c'est pratiquement un appel à l'inaction. Puisqu'on ne comprendra de toute façon jamais les lois du cosmos, à quoi bon? J'espère que cet extrait a été coupé trop tôt et qu'il était suivi d'une analyse de l'intérêt pratique et théorique de la science et de ses applications, parce qu'en l'état actuel la conclusion est une catastrophe: on ne comprendra jamais complètement les lois de l'univers, ça n'appartient qu'à dieu. Et c'est ce qu'on appelle le dieu de l'ignorance: lorsque dieu sert de rustine intellectuelle pour faire tenir une théorie incomplète, on dit "c'est dieu qui l'a fait". Le problème du dieu de l'ignorance, c'est qu'on peut admettre sa nécessité pour expliquer certains phénomènes tant qu'on reste ignorant. Mais à partir de Galilée, Newton et Darwin entre autres, ce dieu d'ignorance est sévèrement abîmé: plus les théories des sciences naturelles sont complètes, plus le dieu d'ignorance est inutile!* Bref, je ne sais pas où va Maïmonide dans la suite du texte, mais on peut lire cette conclusion comme "il ne sert à rien de chercher, on ne saura jamais". Ce qui est une pensée au mieux inutile, si elle est énoncée entre savants capables de comprendre qu'il faut rester humble devant la complexité de l'univers, au pire nuisible au financement de la recherche si un politique mal intentionné s'emparait de l'argument pour arrêter de financer les travaux des savants. Je pense et j'espère que Maïmonide réservait ce texte à de futurs savants qui avaient besoin de comprendre cette leçon, tout en comprenant qu'ils ne doivent pas déblatérer sur leur impuissance intellectuelle devant les gens qui allongent de la thune pour payer leur labo. *Note superflue, à lire si tu as le temps: A partir de Copernic, on a une théorie astronomique beaucoup plus complète puisque que mettre le Soleil au milieu du système simplifie le modèle des planètes. A partir de Galilée, non seulement la théorie astronomique s'enrichit de nouvelles observations (il invente la lunette astronomique et observe quatre satellites autour de Jupiter: les lunes dites "galiléennes"), mais la théorie physique fait un bond de géant puisqu'il explique la chute des corps en comprenant que tous les objets sont attirés par la même force vers le centre de la Terre, et pas seulement certains objets selon leur nature comme on le pensait avant. Et Newton enfonce le clou définitivement en réunissant les deux: sa théorie de la gravitation universelle explique à la fois la chute des corps et les mouvements célestes, c'est la même gravité qui fait tomber une pomme et contraint la Lune à tourner autour de la Terre. Mais il reste encore à comprendre comment la gravité peut agir à distance instantanément sur d'autres corps: c'est une question complexe et dieu a encore un rôle à jouer pour Newton, qui considère que les règles de l'univers ont été décidées par le créateur et qu'il se contente de les découvrir. Einstein va plus loin, et sa théorie de la relativité générale, avec le concept d'espace-temps, vient expliquer la gravité comme une propriété géométrique de l'univers, et non plus comme une force d'action à distance mystérieuse. Le dieu d'ignorance est d'abord tout-puissant lorsque la science est minimale et que ses théories sont locales. Mais plus les théories évoluent, plus elles englobent de phénomènes sous une même loi naturelle avec des prédictions efficaces, plus ce dieu est acculé dans un espace de plus en plus réduit, jusqu'à devenir parfaitement inutile à la fin du XIXe siècle (moment où Nietzsche constatera la "mort de dieu", c'est-à-dire le moment de l'histoire des idées où parler de dieu ne sert plus à rien, puisque le concept n'explique plus grand-chose). C'est la raison pour laquelle les croyants doivent déplacer leur foi ailleurs: croire en un dieu de valeurs morales par exemple, puisque dieu n'a plus de rôle à jouer comme principe d'explication du monde. Et c'est aussi la raison pour laquelle les créationnistes contemporains sont intellectuellement pathétiques, puisque toutes leurs actions consistent bêtement à contester et à freiner la recherche scientifique, dans le but grotesque de protéger leur ignorance, comme de vulgaires croyants de la Terre plate qui refusent de constater les faits, et préfèrent s'aveugler l'esprit que d'apprendre un peu d'astronomie.