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Calliclès

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Tout ce qui a été posté par Calliclès

  1. Sujet classique, bonheur, justice... Relis ton cours, essaie de trouver une accroche et surtout: dis-nous, selon toi, quel est le problème philosophique contenu dans ce sujet?
  2. Calliclès

    L'état

    Bonjour!
  3. Ok, malgré les tournures un peu archaïques, ce texte est simple et clair: l'art nous plait parce qu'il nous concerne. D'après Bachelard, la littérature nous émeut parce que nous lisons comme si ces livres nous concernaient personnellement. Parce que cela flatte notre orgueil (clairement répété dans la première moitié du texte). Lire les éloges d'un autre flatte notre égo, ou stimule notre admiration selon les cas (seconde moitié du texte). Les difficultés: "un sentiment massif qui pèse sur tout le psychisme": cette description considère l'orgueil comme quelque chose de trop prenant, de trop stimulant. Mais il va le modérer juste ensuite dans le cas de la lecture. "C'est de l'orgueil en chambre": on pourrait dire "de l'orgueil en bouteille", la lecture consiste à prendre une dose d'orgueil selon Bachelard. "nourrit et refoule": nourrir est clair, refouler fait référence à la théorie de l'inconscient de Freud, dans laquelle l'esprit peut "refouler", c'est-à-dire tenter de cacher ou de mettre à l'arrière de l'esprit quelque chose. Le fait que la lecture "nourrit et refoule" le désir d'être écrivain est un paradoxe. "Verlaine ne reçoit pas l'adhésion phénoménologique totale": cette phrase est cryptique. La phénoménologie est une partie de la philosophie de l'esprit qui décrit l'expérience à partir de la conscience (contrairement à un neurologue, qui va décrire l'expérience d'un sujet à partir de ses stimulus nerveux, et contrairement à un psychologue qui peut décrire l'expérience d'un sujet en interprétant des motifs inconscients, le philosophe phénoménologue se demande: qu'est-ce que ressent la conscience?) Une "adhésion phénoménologique totale" serait d'approuver entièrement consciemment la poésie d'un auteur (contrairement à être séduit inconsciemment par son écriture). panégyrique: discours d'éloge.
  4. Salut Manon, c'est intéressant de voir Bachelard utilisé pour sa poétique, la plupart de mes collègues ne s'adressent qu'au versant épistémologique de son oeuvre. Laisse-moi quelques instants, je te répondrai bientôt pour t'aider sur ce texte.
  5. Salut à toi, Là, malheureusement je ne peux pas t'aider: je ne connais pas cette oeuvre et la manière de noter la spécialité HLP est encore un peu floue.
  6. Salut à toi! Donc vous avez du faire un chapitre sur la religion et un chapitre sur les sciences? Ou vous avez fait les deux en même temps? Pour faire court: il y a plusieurs manières de s'opposer. Et s'opposer à quoi, exactement? J'apprends à mes élèves que la religion a trois composantes: 1) les mythes (cosmogonie, naissance du monde et de l'humanité), 2) le culte, la pratique sociale des religions et 3) la foi, le sentiment de croyance personnel en une divinité. 1) La science s'oppose à la religion sur l'exactitude des mythes. Les sciences ne s'opposent pas à la religion en tant que tel, par contre les sciences prouvent, avec beaucoup d'efficacité, que les mythes religieux sont des inventions. Les exemples sont très nombreux: le mythe biblique de la création du monde dans la Genèse ne peut pas être vrai, car 1) les hommes ne sont pas fait d'argile (facile à prouver: quand je prends une douche, je ne pars pas en poussière dans les tuyaux), 2) dans ce mythe, dieu a créé les plantes AVANT de mettre le Soleil en place (il y a un petit problème de photosynthèse, les plantes auraient du crever dans l'obscurité en attendant le Soleil), 3) nous avons des preuves géologiques que la Terre a au moins 4,2 milliards d'années (la cosmologie nous dit que c'est plus, mais les preuves géologiques ont une limite). Donc un scientifique ne peut pas croire aux textes religieux au pied de la lettre. Ce qui n'est pas gênant, car à part des fanatiques moyen-âgeux que même les théologiens médiévaux auraient méprisé, personne ne prend vraiment le texte au pied de la lettre: l'immense majorité des non-scientifiques dans le monde ne croient pas à une interprétation littérale des mythes. L'intérêt de la Genèse n'est pas de nous dire comment le monde aurait été créé à partir du rien (impossible), mais de contenir une morale sur le péché et la naissance de la conscience morale (l'expulsion du jardin d'Eden). C'est une parabole, et l'époque où les gens pouvaient y croire au pied de la lettre si le sens moral du texte leur échappait est révolue. 2) La science s'oppose-t-elle au culte? Alors si les sciences peuvent s'opposer aux mythes, est-ce qu'elles s'opposent à la pratique sociale de la religion: le culte? Et bien non, la science ne nous dit pas qu'aller à la messe est mauvais pour la santé, par exemple. Par contre, la méthode scientifique a prouvé que la prière n'avait absolument aucune efficacité mesurable pour soigner les gens. Visiblement, dans une étude en aveugle, prier pour la guérison du cancer est aussi efficace que prendre des pastilles de sucre comme placebo... Donc pas d'opposition au culte, mais certains usages de la prière sont réfutés. 3) Est-ce que la science s'oppose à la foi? Dans sa méthode, oui. La foi consiste à croire sans preuve (c'est pour cela que les preuves de l'existence de dieu sont inutiles: les athées n'y croient pas, pour la bonne raisons qu'elles sont toujours spécieuses, et les croyants ne devraient pas en avoir besoin). La science, au contraire, est une méthode de doute radical: il faut douter de son hypothèse en la testant par des expériences, jusqu'à ce qu'on atteigne une certitude rationnelle qui ne demande plus aucune croyance. C'est la raison pour laquelle je trouve ridicule d'entendre des gens dire qu'ils ne "croient" pas à la théorie de l'évolution: c'est une théorie scientifique, elle fonctionne très bien sans croyance, le fait de ne pas y croire n'enlève absolument rien à son efficacité lorsqu'il s'agit de comprendre le monde vivant. Il ne viendrait à l'idée de personne de dire "je n'y crois pas" pour la thermodynamique, la gravitation universelle ou la mécanique des fluides, seule la théorie de l'évolution est attaquée par des fanatiques religieux. En revanche, certains scientifiques sont croyants, et ils compartimentent leur vie de telle manière que la foi est une exception à laquelle ils refusent d'appliquer leur doute. C'était le cas du mathématicien Kurt Gödel, auteur d'un des plus grands théorèmes sur la validité et la complétude de toute théorie algébrique, qui dans sa vie personnelle croyait aux anges et aux démons... Il avait une philosophie personnelle étrange, inspirée de Platon et Leibniz, et a travaillé à la fin de sa vie sur de nouvelles preuves de l'existence de dieu. Je ne pense pas que ce soit à mettre en avant: Gödel a écrit ces choses à la fin de sa vie, lorsqu'il souffrait de problèmes mentaux assez graves, notamment une paranoïa avec délire de persécution: il refusait de manger par peur qu'on l'empoisonne, il s'est laissé mourir de faim pour cette raison à 71 ans.
  7. Calliclès

    DM philo

    Salut à toi! 1) le texte est inhabituellement long. 2) Ton prof s'est planté en recopiant le nom de l'auteur, il s'agit du (très) célèbre anthropologue et métaphysicien malgré lui Philippe Descola, pas Pierre. 3) Ce texte parle de la manière dont nous percevons ce qui est naturel. Pour l'expliquer, je vais reprendre une métaphore donnée par Philippe Descola lui-même (tant qu'à faire, hein, pourquoi se priver?) dans son petit livre "Nature et culture", qui est une version extrêmement simplifiée et vulgarisée de sa grosse thèse "Par-delà nature et culture". Voici l'exemple: dans notre langage, il existe des mot pour parler des choses naturelles, comme les bruyères, les corneilles ou les escargots. Il existe aussi des mots pour parler de chose culturelles, comme les tribunaux, la loi ou la littérature. Mais certains mots sont moins simples, parce qu'ils sont un peu des deux: une haie par exemple. C'est bien une plante, mais elle sert à délimiter un espace, souvent une parcelle agricole. C'est à la fois une plante naturelle et une frontière culturelle. Alors la haie, c'est naturel ou culturel? Pour Descola, nous avons une manière de découper le monde entre nature et culture qui est typique de l'Occident, mais qui n'a pas forcément de sens ailleurs, où les gens ne croient pas être en-dehors de la nature. Et cette vision du monde n'en est qu'une parmi d'autre: Descola ne la juge pas, mais il pense que c'est juste une manière parmi d'autres de voir le monde. Autrement dit: Descola est pluraliste, il pense qu'il y a effectivement plusieurs "mondes", c'est-à-dire plusieurs manières de le percevoir et de le comprendre, sans qu'aucune ne soit nécessairement supérieure. 4) Pour expliquer cette "ontologie", c'est-à-dire cette manière de penser les êtres, Descola a donné une interview sur Arte, claire et pédagogique. Voici le lien: J'espère que ça te permettra d'y voir plus clair dans ce texte après la vidéo.
  8. Salut à toi! Alors, c'est assez intéressant de voir cette problématique formulée ainsi. C'est la même chose (inversée) que la problématique classique: y a-t-il une morale universelle? Selon moi, ton plan n'est pas mauvais mais reste superficiel: en fait, seule la troisième partie creuse vraiment la question. Je te conseille de reprendre ton travail de problématisation et ton brouillon en considérant que le titre de la troisième partie est l'ouverture. Car c'est bien sur les questions de dignité et de besoins vitaux que nous ne sommes pas d'accord. Il y a différentes notions de dignité et de liberté dans chaque culture. La tentative d'avoir un standard universel: la déclaration universelle des droits de l'homme, ne fait pas l'unanimité, c'est bien le problème dont il est question ici. D'une part les valeurs sont extrêmement diverses au sein de l'humanité, d'autre part le concept de morale est vide de sens s'il n'a pas d'application universelle. C'est ce que tu as compris dans le titre de ta deuxième partie. Je t'encourage à continuer dans cette direction car tu n'es pas hors-sujet. Cependant, je t'encourage aussi à trouver des exemples concrets et des concepts philosophiques pertinents.
  9. Salut à toi! Sujet de philo politique classique (l'année dernière, j'ai ouvert le programme avec exactement cette problématique). Petite anecdote utilisable, l'ONU produit un rapport mondial sur le bonheur depuis 2014, à la suggestion du Bhoutan: https://fr.wikipedia.org/wiki/Rapport_mondial_sur_le_bonheur Pour la problématique: une fois que tu as défini l'Etat (ensemble d'institutions gérant une société), et du bonheur (débat sans fin sur la notion de contentement, d'absence de passion, mais accord pratique sur sa définition négative comme une absence de malheur), il faut trouver une contradiction entre les deux. Et cette contradiction tient dans la contrainte, les lois et la sécurité imposées dans l'Etat. L'Etat doit gérer la société, avec différents objectifs, et impose des contraintes fortes: les citoyens doivent payer des impôts, respecter des réglementations, ne pas se faire justice eux-mêmes et autres contraintes. La contradiction est donc la suivante: comment l'Etat peut-il rendre heureux les gens par la contrainte? Alors que le but de l'Etat est, entre autre, le bien-être des citoyens par la garantie de sécurité et de justice (sinon, on se passerait de l'Etat)?
  10. Calliclès

    Leçon d'une vie

    Nous sommes capables de lire Epicure nous-mêmes... Donc... merci? J'imagine? Pour ceux qui veulent lire du Epicure, c'est simple: il ne nous reste pas beaucoup de textes de ce philosophe, son école ayant été persécutée par l'église catholique, et son oeuvre détruite. Nous avons cependant quelques lettres, donc une sur le bonheur: la Lettre à Ménécée, que vous pouvez lire gratuitement sur wikisource. https://fr.wikisource.org/wiki/Lettre_à_Ménécée_(traduction_Chauffepié)
  11. Calliclès

    Leçon d'une vie

    Quelle est la question?
  12. Sujets du bac philo 2023: pistes d'analyse. Les sujets sont tombés! https://assets-decodeurs.lemonde.fr/redacweb/Sujet philo bac général/23-PHGEME1.pdf Alors regardons ensembles ce qu'ils signifient, s'ils signifient vraiment quelque chose: Bac général: Le bonheur est-il affaire de raison? Le problème : C'est un sujet classique sur le bonheur. Vous devez mettre en place une problématique qui s'articule autour de la tension entre rationnel et irrationnel: d'un côté le bonheur est un sentiment, un affect qui n'est pas soumis à la raison, mais de l'autre la raison permet de mettre en place les conditions du bonheur (en réduisant ses attentes, comme dans le stoïcisme, ou en organisant socialement le bien-être d'une population grâce à des politiques publiques efficaces). Les exemples : Vous pouvez mobiliser facilement Epicure, Sénèque ou Spinoza. Vous devez expliquer ce qu'est le bonheur, en quoi il est rationnel de le favoriser, et quels sont les moyens d'y parvenir. Les hors-sujets : Si vous êtes partis sur un monologue à base de "le bonheur c'est pas rationnel" sans examiner l'opinion adverse, ou si vous avez disserté longuement sur la nature du bonheur en oubliant de le connecter à la raison tout au long du raisonnement, vous êtes hors-sujet. Vouloir la paix, est-ce vouloir la justice? Le problème : Une dissertation sur la justice, mais aussi sur la politique. Le but est de comprendre le lien qui rapproche ces deux notions. Votre problématique doit tourner autour du problème que serait une société sans justice. Les exemples : Vous pouvez, vous devez parler de justice sociale, d'inégalités et d'injustices dans vos exemples. Vous pouvez mobiliser Kant pour son projet de paix perpétuelle, mais de façon limitée: seulement pour envisager une société en paix, au sens strict d'abolition de la guerre. Les hors-sujets : Comme d'habitude, si vous traitez un seul de ces deux termes à part, en oubliant sa relation à l'autre, vous avez perdu des points. Une partie sur la nature de la justice dans laquelle on ne parle plus de la paix? C'est hors-sujet. Le texte de Claude Lévi-Strauss est un peu confus. Je comprends qu'il vous ait laissé perplexe. Le thème : ce texte parle de la technique. C'est bien la question de l'outil, comment l'utiliser, par quelles opérations de l'esprit et au service de quoi? Le problème : quelle est la spécificité du raisonnement du bricoleur, qui semble intéresser Lévi-Strauss? Mais vous pouviez aussi le formuler de la façon suivante: quelle est la différence entre le bricoleur et l'ingénieur? La thèse : Lévi-Strauss détaille longuement que le bricoleur, tout en étant polyvalent, n'est pas au service d'un projet précis qui demanderait des moyens précis. Il accumule des outils, joue d'une prudence populaire et résout les problèmes au cas par cas, toujours limité par les moyens disponibles sur le moment. Le bricoleur est donc le contraire d'un ingénieur. Plan : On peut défendre un plan en trois parties. Du début jusqu'à "...et de destructions antérieures." pour opposer l'ingénieur et le bricoleur, et spécifier les conditions de travail du bricoleur. De "L'ensemble des moyens..." à "ça peut toujours servir", pour montrer l'opposition intellectuelle entre ces deux figures: le projet pour l'ingénieur, l'instrumentalité pour le bricoleur. Enfin, de "De tels éléments..." jusqu'à la fin de l'extrait, pour préciser les limites intellectuelles du bricoleur, le cadre réduit à l'intérieur duquel il travaille. Bac technologique: L'art nous apprend-il quelque chose? Le problème : C'est un beau sujet sur l'art et son rapport d'autres notions. Lesquelles? C'est justement à vous de choisir. On peut rapprocher l'art de ce qu'il nous apprendrait du monde, par la représentation et la révélation. Ou ce qu'il nous apprend de nous-mêmes, par le travail accompli, la technique mise en oeuvre et ce qui est dit de l'artiste. Mais l'art peut aussi communiquer des émotions, des affects, et être utilisé pour la propagande politique ou la publicité. Le sujet est vaste, mais vous pouvez relier l'art à la vérité, le travail, la conscience ou la politique. Ce sujet se prête très bien à un plan notionnel (examiner différents points de vue dans chaque partie sans les opposer les uns aux autres) et assez mal aux plans dialectiques (thèse-antithèse-synthèse). Les exemples : Vous pouvez mobiliser Platon pour le rapport de fausseté que l'art entretient avec la vérité selon cet auteur (l'art imite la nature, qui est déjà une imitation des Idées). Mais vous pouvez exploiter tous les exemples que vous souhaitez sur l'art, peu ont des chances d'être hors-sujet. Les hors-sujets : Il sera difficile d'être complètement hors-sujet, sauf si vous oubliez complètement le terme "apprendre". Que l'art ait un message à faire passer, une vérité à révéler ou des émotions à transmettre, du moment qu'il apporte quelque chose au sujet, vous avez un raisonnement exploitable. Transformer la nature, est-ce gagner en liberté? Le problème : C'est un sujet classique sur la nature, la notion, supprimée du programme à la fin des années 90, ayant enfin retrouvé sa place en cours de philosophie à notre époque où l'écologie est indispensable à la compréhension du monde. Vous devez comprendre le rapport de la nature au travail, et donc à la liberté. Il est facile de faire un hors-sujet ici: votre problématique doit faire intervenir la notion de travail ou de technique, pour comprendre le lien entre une nature modifiée et moins d'effort pour les humains, donc plus de liberté. Les exemples : Vous pouvez prendre tous les exemples dans lesquels détruire ou exploiter la nature réduit les efforts humains: sélectionner des légumes plus gros permet de cultiver moins, exterminer les loups permet de ne plus surveiller les troupeaux, etc.. Et enfin, vous devez absolument mentionner le contrecoup terrible de cette transformation: la perte de biodiversité et le réchauffement climatique qui découlent de notre transformation de la nature. Les hors-sujets : C'est très simple: si vous n'avez jamais parlé du travail, lien nécessaire entre nature et liberté, vous avez perdu des points et votre dissertation a des chances d'être largement hors-sujet.
  13. C'est un sujet sur la rationalité. Le but est, en peu de mots, de savoir si nos actions ne devraient être que rationnelles. Je suis rationaliste: mais je ne suis pas rationnel tout le temps! Par exemple, lorsque je fais mes courses, je me laisse aussi porter par mes envies. Le jeu du désir, donc des passions, intervient régulièrement dans mes choix. Même chose dans mes amours: je n'ai pas choisi mes partenaires en me disant "nous sommes rationnellement le meilleur couple possible à cet instant", je me suis laissé guider par des parties irrationnelles. Si ma vie entière était faite de décisions irrationnelles, je ne m'en sortirai pas: je ne saurais pas organiser le rangement de mon frigo, je ne ferais pas de comptabilité pour prévoir le règlement de mes factures, et dans ma carrière un certain nombre de décisions sont rationnelles. Evidemment, il est raisonnable d'obéir à sa raison: c'est dans le mot! Mais est-ce raisonnable d'obéir uniquement à sa raison, à l'exclusion des autres motivations possibles (les désirs, les passions). Et cela pose la question plus large: peut-on réellement obéir à sa raison? A rechercher: la théorie des passions motivantes chez David Hume!
  14. Calliclès

    Dissertation

    Salut Lola, je suis de retour sur le forum après presque 15 jours d'absence. Je regarde un peu ce sujet et je te répondrai de façon plus détaillée demain. En attendant, je peux déjà dire qu'il faut comprendre le dilemme posé par ce sujet: comment être heureux sans réaliser ses désirs? Comment être heureux lorsqu'on est seulement obsédé par ses désirs?
  15. Salut Caliméro! Les arguments ne sont toujours pas convaincants dans la première partie. L'argument des langues, notamment, n'est pas une limite du langage: si on ne peut pas exprimer ce qu'on veut dire en Portugais, mais qu'il y a un mot plus précis en Allemand (ou inversement, j'ai pris deux langues au pif), ce n'est pas une limitation du langage lui-même, juste une limitation relative d'une langue par rapport à une autre. Vraiment, n'hésite pas à reprendre les arguments que je t'ai déjà donnés pour la première partie.
  16. C'est pas si mal, mais il y a de sérieux défauts méthodologiques: 1) tu dois réécrire l'intro. Tu dis tout de suite "on peut aussi se poser les questions suivantes" et BIM, tu balances tes sous-problématiques. C'est direct, mais on ne comprend pas du tout pourquoi tu en arrives à cette conclusion. Tu n'as pas fait d'accroche, pas d'analyse du sujet et des termes, pas de problématisation... Tu passes directement à deux sous-problématiques qui te servent en fait de plan. Si ton intro était une personne: ce serait une paire de baskets avec personne dedans, on voit dans quelle direction ça veut partir mais on n'a aucune idée de pourquoi. 2) Ta première partie est pour ainsi dire inexistante. Pourquoi c'est une question que tu dois traiter: quelles sont les limites du langage? Je te suggères les sous-parties suivantes: a) l'indicible, ou les sentiments impossibles à exprimer en littérature, b) les théories mathématiques, quand les équations sont plus efficaces que le langage humain (c'est une forme d'expression mathématique, donc facilement incompréhensible à moins d'avoir une formation mathématique), et c) l'efficacité de l'image et des arts visuels, ou comment une bonne peinture peut exprimer des sensations intraduisibles dans le langage naturel.
  17. Je lirai ça tranquillement cette nuit, tu aura une réponse demain matin.
  18. C'est la question de l'inexprimable. J'ai trois possibilités: 1) en arts: on parle d'ineffable ou d'indicible pour dire qu'une chose, une sensation ou une émotion complexe relève de l'inexprimable. 2) en science: les équations ne sont pas facilement exprimables en langue naturelle, mais elles peuvent s'exprimer facilement en langue mathématique.
  19. Bonsoir Oriane, je viens de voir ça, je vais m'y atteler tout de suite (tu as de la chance, tu tombes sur une heure de disponibilité nocturne). Laisse-moi 30 mins le temps de te lire et de répondre. Ah, par contre le pdf que tu as donné est vide: il y a juste le titre!
  20. Tu peux prendre comme problématique: "y a-t-il de l'inexprimable par le langage?" Le langage est propre à l'homme: non. Les formes de communications sont très nombreuses dans le monde animal et végétal, même si ce sont principalement des signaux très simples (un oiseau qui chante peut facilement se ramener à un signal du type "je suis disponible sexuellement!") Nous avons un langage "articulé", c'est-à-dire capable d'articuler des signaux entre eux pour exprimer beaucoup plus de nuances, et apparemment cette forme de communication n'existe pas chez les animaux (en tout cas: c'est ce qu'on pense pour l'instant, mais souviens-toi qu'on n'a pas encore investigué toutes les espèces existantes, on ne sait presque rien de l'intelligence des diables de mer ou des lémuriens). L'amour est inexprimable: non plus! "Je t'aime", voilà, j'ai exprimé mon sentiment amoureux. Ton plan est contradictoire: partie 1 le langage exprime nos sentiments et passions, partie 2 mais en fait non... Comment ça? S'il y a des inexprimables du langage, il faut les chercher dans les sentiments, et trouver comment ils s'expriment. Par exemple, certaines oeuvres plastiques peuvent exprimer visuellement des choses qu'on mettrait plus de temps à exprimer par le langage. C'est tout l'intérêt des illustrations: imager un propos et se passer du langage.
  21. Je réponds un peu tardivement: Prenons l'analyse du sujet dans un premier temps: "par quels moyens l'homme peut-il cultiver sa sensibilité?" La sensibilité, au sens de sensation et perception du monde extérieur comme chez Kant, n'aurait pas de place dans cette question, on ne peut pas devenir plus sensible au monde (à moins de se faire greffer des organes sensoriels en plus). Il s'agit donc de la sensibilité artistique. A partir de là, le sujet devient évident: il suffit de dresser un catalogue des moyens de se sensibiliser à l'art. Par des rencontres (trouver un ami qui vous parle d'art), des initiations (prendre un cours sur l'art ou l'histoire de l'art), des occasions (une expo), une culture (fréquenter les milieux de l'art et se documenter régulièrement sur le sujet). Dans tous les cas, cela peut se résumer par: en allant chercher de l'art. J'ai bien peur que cette dissertation tourne en rond assez vite, mais c'est la responsabilité du sujet lui-même, pas de l'élève. Puisqu'il y a effectivement un présupposé, et qu'on n'a pas le droit de poser la question "peut-on réellement se cultiver?", ce sujet ne laisse pas de place au contradictoire.
  22. Calliclès

    Spinoza

    Ah, dommage! J'ai été très pris par un projet d'écriture récemment, j'ai mis beaucoup plus de temps à répondre que d'habitude. N'hésite pas à revenir dans l'année.
  23. Salut Caliméro: tu as bien fait de m'envoyer cette dissertation, je pense que tu fais fausse route. Tu as mal analysé le sujet et considéré que le débat portait principalement sur "doit-on dire tout ce que l'on pense?" C'est un morceau de la réflexion et tu l'as traité dans ta 2e partie. Mais tu dois bien t'en rendre compte: 1) ce n'est pas la question du sujet et 2) ta deuxième partie est beaucoup plus fournie que la première, dans laquelle tu n'as presque rien mis. La question de ta première partie, sur laquelle tu as été très rapide (tu n'avais rien à en dire: parce que tu n'as pas compris le problème) est réellement: le langage permet-il s'exprimer toute la pensée? Est-ce que nous avons la possibilité de réellement dire tout ce qu'on pense, ou est-ce que certaines pensées forment un inexprimable du langage (l'indicible en littérature), certaines pensées ne trouvant leur expression exacte qu'en équations mathématiques et pas en langue naturelle (la pensée mathématique calcule mieux qu'elle ne dit), et certaines émotions ont du mal à s'extérioriser par le langage et prennent une forme plus éloquente à travers un art (ce que transmettent la musique, l'architecture ou le cinéma, on aurait du mal à l'exprimer en mots, c'est la raison pour laquelle beaucoup de critiques d'art ont l'air de débiter des inepties). Retravaille sur ce problème "peut-on exprimer toutes nos pensées grâce à l'outil du langage?" dans ta première partie. Et s'il te plait, vire la citation "toute vérité n'est pas bonne à dire", c'est d'une banalité incroyable et beaucoup moins intéressant que tout ce que tu as pu dire avant.
  24. Calliclès

    Spinoza

    Salut Chopper, j'ai déjà commenté ce texte quelque part sur le forum (mais où? Je ne retrouve pas la source). Question 1a : il suffit de lire le texte, même sans comprendre le raisonnement philosophique, regarde la ligne 2. Question 1b: la première partie n'est pas philosophique, la pierre n'arrête pas de se mouvoir pour la simple raison qu'il y a conservation du mouvement (lorsque je frappe une boule de billard, elle ne s'arrête pas de bouger après que je l'ai frappée: elle poursuit sa trajectoire et va ralentir à cause du frottement contre le tapis de billard). La deuxième occurrence du mot "impulsion" se trouve à la fin du texte, mais il ne suffit pas de le mentionner: il faut dire de quelle impulsion il s'agit, car la comparaison est volontaire de la part de Spinoza. Question 2: Il suffit d'inventer un exemple dans lequel une personne agit sous le coup d'une émotion, et prétend ensuite qu'elle a réagit librement et volontairement. Question 3: Il faut faire appel à l'origine du mot. Se vanter, c'est de la vanité, du rien. Il est bien possible que "se vanter", dans ce contexte, soit un acte vaniteux que notre liberté soit bien plus modeste et réduite qu'on se l'imagine.
  25. Calliclès

    Explication de texte

    Commence par nous expliquer ce que tu ne comprends pas. Ce texte prend le lecteur par la main: il est clair et simple au début, et nous emmène vers une réflexion un peu plus profonde ensuite. La première partie du texte nous donne une définition de la liberté au sens commun du terme. L'idée principale est la suivante: l'idée de liberté est très simple à comprendre appliquée à un individu, car l'individu libre, c'est celui qui n'est pas un esclave ou un prisonnier, il peut faire ce qu'il veut (ou "exercer sa puissance" comme dit l'auteur). La deuxième partie oppose cette définition claire de la liberté appliquée à un individu, pour revenir sur le concept de liberté appliqué à une volonté. Et là, les choses se compliquent: la volonté est-elle plus ou moins libre? Si c'est la liberté de vouloir et de ne pas vouloir, il y a alors une contradiction avec le "principe de plaisir", qui fait que nous voulons ce qui nous rend heureux (ou ce qu'on imagine nous rendre heureux, ce qui n'est pas toujours la même chose). Pour être totalement libre de sa volonté, il faudrait être capable de vouloir aussi bien ce qui nous rend heureux que ce qui nous rend malheureux, et donc choisir entre les deux. Or, le principe de plaisir énonce que nous choisissons toujours ce qui nous rend heureux. Il n'y a donc pas de vrai choix, et logiquement: pas de vraie liberté dans la volonté. C'est le coeur du raisonnement, si tu comprends cet argument, tu as compris le texte. La troisième et dernière partie nous montre qu'ensuite, puisqu'on choisit ce qu'on imagine nous rendre heureux, notre plus ou moins grande liberté tient dans notre plus ou moins bonne qualité de conseil et d'information, pour réduire cette marge d'erreur de l'imaginaire. Par exemple, une personne qui n'a jamais réfléchi au bonheur plus de 20 secondes peut s'imaginer que le bonheur: c'est l'argent. Et si cette personne devient riche, et commence à dépenser sa fortune en fêtes, voitures de luxe, prostituées et cocaïne, elle va rapidement se rendre compte qu'elle n'est pas heureuse. Cet exemple te paraît étrange et peu réaliste? Ce n'est pas un exemple imaginaire: c'est ce qui est arrivé au gagnant de la loterie britannique Michael Carroll, un éboueur de 19 ans qui a gagné en 2002 la somme de 9,7 millions de livres sterling (j'ai vérifié, d'après une conversion en ligne de la Bank of Engand, en tenant compte de l'inflation cela correspondrait à 16,493,883.91£ d'aujourd'hui, ce qui fait approximativement 18 655 720€), il a presque tout dépensé en drogues et en alcool, à partir de 2012 il a travaillé à l'emballage des cookies dans une usine écossaise, il dit fièrement en interview que son salaire minimum le rend plus heureux que n'importe quel million. Je te mets un lien vers un site racontant son histoire: https://www.huffpost.com/entry/michael-carroll-lottery-works-cookie-factory_n_3568198 En tout cas, si la liberté (appliquée à la volonté) consiste juste à plus ou moins bien comprendre ce qui nous rend heureux, alors: la liberté devient la même chose que l'instruction et l'information. Et les gens mieux informés et plus instruits sont automatiquement plus heureux, puisqu'ils sont capables de mieux comprendre ce qui les rendrait heureux (par exemple, si Michael Carroll avait eu un seul cours d'économie dans sa vie, il aurait fait des investissements pour rester riche à moyen ou long terme, au lieu de sniffer de la cocaïne à travers le corps de son stylo-plume en or massif, il a donc manqué d'instruction). C'est ce que veut dire l'auteur par "libre n'est qu'un synonyme d'éclairé" : puisqu'on veut toujours ce qui nous rend heureux, la question est de savoir à quel point on peut faire la différence entre ce qui sert vraiment notre bonheur, ou une satisfaction puérile à court-termes (comme le merveilleux projet de Michael Carroll, qui consistait à boire, à se droguer et à se payer des prostituées de luxe jusqu'à redevenir pauvre: il n'a pas réfléchit longtemps à ce que signifiait le bonheur, l'argent ou la liberté, et à titre personnel je pense qu'il a passé plus de temps le nez dans la coke qu'à se poser des questions philosophiques). La conclusion du texte étant que dans cette définition de la liberté (entendue comme appliquée à une volonté), il n'y a pas de liberté à proprement parler, mais un choix forcé, plus ou moins éclairé. Michael Carroll cherchait à être heureux quand il était éboueur: c'était pour gagner de l'argent afin de se payer ce qu'il voulait. Une fois qu'il a eu de l'argent, il aurait pu l'investir, en profiter pour se payer des cours d'économie en vivant sur une petite partie de sa fortune en attendant de savoir quoi faire de tous ces millions de façon instruite, ou de façon plus fainéante: payer les services de comptables et de conseillers financiers pour une infime partie de sa fortune. Mais il a fait un choix légèrement moins éclairé: il a choisit de s'acheter des voitures de course, des putes et des kilos de cocaïne. Il est donc logiquement redevenu pauvre, mais il a trouvé le bonheur dans une réflexion simple: dans ses interviews, il prétend que s'il n'avait pas épuisé sa fortune, il serait mort à force de boire et de se droguer. Certaines personnes boivent et se droguent pour oublier leur misère, Michael Carroll est devenu brièvement riche et sa misère l'empêche d'avoir les moyens de boire et de se droguer à mort. On peut considérer, très relativement, qu'il a progressé sur le chemin du bonheur en prenant la route la plus étrange ou navrante possible.
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